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Épidémie de grippe : "Pas aussi précoce" que ces dernières années, mais "on en aura une", assure un spécialiste

Le virus de la grippe apprécie "en particulier les temps froids et secs", ce qui peut expliquer en partie son arrivée tardive, explique un épidémiologiste.

Article rédigé par franceinfo
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L'épidémie de grippe, "ce qui est certain, c'est qu'on en aura une", assure un spécialiste. (PIERRE HECKLER / MAXPPP)

L'épidémie de grippe "n'est pas aussi précoce que ce que nous avions observé les deux dernières années", a reconnu vendredi 4 janvier sur franceinfo Daniel Levy-Bruhl, épidémiologiste, responsable infections respiratoires et vaccination à Santé Publique France. En ce début janvier, l'épidémie de grippe ne frappe pas encore la France. Mais "ce qui est certain, c'est qu'on en aura une", a assuré le spécialiste qui explique que le "facteur météorologique" avec "un temps clément, doux et humide n'était pas en faveur d'une épidémie précoce".

franceinfo : Où est passée cette épidémie ?

Daniel Levy-Bruhl : L'épidémie de grippe va arriver comme chaque année. Ce qui est certain, c'est qu'on en aura une. Elle n'est pas aussi précoce que ce que nous avions observé les deux dernières années. Mais c'est une impression trompeuse. Elle est dans la norme des épidémies moyennes de grippe et plusieurs épidémies, ces dernières années, sont même survenues encore plus tard que celle que nous commençons à voir poindre. Nous notons depuis quelques jours une augmentation de l'activité grippale dans plusieurs régions et nous avons classifié cinq régions en phase que nous appelons "pré-épidémique". Ça veut dire que, même si la dynamique de la grippe est toujours imprévisible, il est probable néanmoins que ces régions passent en phase épidémique d'ici une à deux semaines. Il y a certainement une explication liée au facteur météorologique. On sait de plus en plus que les virus grippaux sont sensibles à la température, à l'humidité, ils aiment en particulier les temps froids et secs. Or, dans les dernières semaines, nous avons plutôt connu un temps clément, doux et humide, ce qui n'était pas en faveur d'une épidémie précoce.

Est-ce aussi parce que nous avons de plus en plus recours au vaccin contre la grippe ?

Effectivement, le recours au vaccin semble avoir augmenté dans la population. Dans la mesure où l'on ne vaccine pas l'ensemble de la population, mais uniquement les sujets qui présentent des risques de complications s'ils attrapent la grippe, il est peu probable que ce facteur puisse expliquer la dynamique de l'épidémie de grippe de cette saison. Ce qu'on sait, c'est que depuis cette année, nous bénéficions d'un vaccin qui contient les quatre grandes souches, alors que, jusqu'à cette année, les vaccins que nous utilisions n'en contenaient que trois. Donc, a priori, une meilleure couverture des souches qui circulent. En même temps, aujourd'hui, il est trop tôt pour savoir ce que sera l'efficacité réelle de ce vaccin, ne serait-ce que parce qu'il y a peu de virus qui circulent et que les virus peuvent continuer à muter au cours de la saison.

Un hiver sans grippe, ça existe ?

Non, ça ne s'est jamais vu, un hiver sans grippe. Il y a des hivers avec des petites grippes, des hivers avec des grosses grippes, en termes de nombre de cas ou de sévérité, mais chaque année, nous observons une épidémie de grippe. En moyenne, nous avons observé que, lorsque les épidémies démarrent plus tard, elles ont tendance à être un peu moins sévères. Ce qui est vrai en moyenne ne l'est pas toujours au niveau individuel. Aujourd'hui, personne n'est capable de vous dire si cette épidémie sera moins importante, moins sévère que l'épidémie de la saison dernière. Nous l'espérons, mais c'est trop tôt pour pouvoir l'affirmer. Il n'est pas trop tard pour se faire vacciner, et j'invite toutes les personnes à risque, en particulier celles qui ont reçu un bon de prise en charge gratuit de l'assurance maladie, à se faire vacciner si elles ne l'ont pas encore fait.

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