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Vrai ou faux Covid-19 : faut-il s'inquiéter d'un gonflement des ganglions sur une mammographie après la vaccination ?

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Une seringue insérée dans un flacon du vaccin de Pfizer-BioNTech contre le Covid-19, le 10 janvier 2021 dans un centre de vaccination à Pfaffenhofen en Allemagne. (CHRISTOF STACHE / AFP)

Le gonflement des ganglions lymphatiques sous l'aisselle est une réponse banale, bien connue des médecins, du système immunitaire à un vaccin injecté dans le bras. 

L'information, abondamment relayée dans les médias, a provoqué une brusque montée de fièvre sur les réseaux sociaux. En faisant passer des mammographies à des femmes récemment vaccinées contre le Covid-19, des radiologues américains ont constaté une augmentation des cas de gonflements des ganglions lymphatiques sous les aisselles de leurs patientes. Ce symptôme pouvant être associé à l'apparition d'un cancer du sein, il n'en a pas fallu davantage à ceux qui s'opposent aux vaccins pour s'alarmer. A tort. Explications.

Une réaction normale du système immunitaire

"Le fait que des ganglions soient hypertrophiés après un vaccin, c'est absolument banal et normal", assure à franceinfo Luis Teixeira, oncologue au Centre des maladies du sein de l'hôpital Saint-Louis, à Paris, et membre de la Société française du cancer. 

Les ganglions lymphatiques sont répartis sur tout le corps humain. Ils sont présents en profondeur, au niveau du thorax et de l'abdomen, mais aussi plus près de la surface de la peau, au niveau de l'aine, des cervicales ou sous les aisselles. Lorsque survient une "agression", ils sont le lieu d'activation de la réponse immunitaire, qui va permettre à notre organisme de lutter contre l'"agresseur". "La réaction du système lymphatique commence près de la zone atteinte, expose Luis TeixeiraQuand vous avez une angine, vos ganglions grossissent dans le cou. Quand vous avez une infection du doigt, vos ganglions gonflent sous le bras." 

Il en va de même pour la vaccination. "Le système immunitaire se met en route pour reconnaître l'antigène qu'on a injecté", explique Luis Teixeira. Comme un vaccin peut provoquer des effets secondaires chez certains patients, "les gens qui font un peu de fièvre après leur vaccin contre la grippe ont des ganglions", rappelle le médecin. La piqûre étant généralement réalisée dans le bras, la réaction se produit d'abord dans les ganglions les plus proches, sous l'aisselle du membre dans lequel le produit a été injecté, résume le cancérologue. "Je suis bien placé pour en parler, sourit le spécialiste. En tant que médecin, j'ai été vacciné avec le Pfizer. J'ai eu un ganglion qui a duré deux jours et qui est parti."

"Si une femme a reçu un vaccin dans le bras et que les ganglions lymphatiques sont gonflés du même côté, c'est une réponse biologique normale. C'est tout à fait attendu", confirme à CNN* Connie Lehman, professeure de radiologie à Harvard, cheffe du service d'imagerie mammaire du Massachusett's General Hospital et auteure d'articles scientifiques* sur le sujet.

Un effet secondaire signalé dès les essais cliniques

Ce gonflement des ganglions lymphatiques sous l'aisselle (mais aussi dans le cou) a été rapporté comme un des effets secondaires des essais cliniques par Moderna* et dans une moindre mesure par Pfizer*, avant la mise sur le marché de leurs vaccins. Cette réaction a même été la deuxième plus fréquente dans le cas du produit de Moderna, d'après les données transmises au Centre pour le contrôle et la prévention des maladies américain (CDC).

Au cours des essais, 11,6% des patients testés avec le vaccin de Moderna ont rapporté un gonflement de leurs ganglions lymphatiques après l'injection de la première dose et 16% après la seconde. Ils l'ont constaté en moyenne deux à quatre jours après la piqûre et ont continué à le sentir pendant un ou deux jours, comme le rappelle la Société américaine d'imagerie mammaire dans sa recommandation aux radiologues*, émise en janvier et récemment actualisée. Dans le cas du vaccin Pfizer, cet effet indésirable a duré en moyenne dix jours. Mais il n'a été rapporté que par environ 0,3% des personnes vaccinées au cours des essais, d'après le New York Times*.

De l'avis des radiologues, "le taux réel est probablement plus élevé" et "de nombreux autres cas sont susceptibles d'apparaître à l'imagerie" médicale, plus précise qu'une palpation superficielle pratiquée lors des essais cliniques.

Des dispositions pour éviter toute confusion avec un éventuel cancer

Mais quel est le rapport avec un cancer du sein ? "Les cancers du sein provoquent des métastases ganglionnaires sous le bras, parce que c'est la voie de drainage lymphatique normale du sein", répond Luis Teixeira. Or ces aires de drainage lymphatique situées sous les aisselles sont communes aux seins et aux bras. "Quand on fait une mammographie, on surveille donc les zones de drainage du sein et du bras", souligne le cancérologue.

"Si, par hasard, vous faites une mammographie après une vaccination, vous allez trouver un ganglion", assure l'oncologue. "Comme on suit les patients qui ont un cancer avec un PET Scan, une technique d'imagerie médicale très sensible, ces ganglions peuvent être visibles jusqu'à six semaines après la vaccination, bien plus longtemps que cliniquement par une simple palpation", souligne le médecin spécialiste des cancers du sein. "La question qui se pose alors, c'est de savoir qui fait quoi", relève le praticien. Est-ce le vaccin ou le cancer qui a provoqué ce gonflement du ganglion ? Pour s'épargner cette interrogation et éviter des sueurs froides à leurs patients, les médecins ont trouvé la parade. "Maintenant, on décale les PET Scan de quelques semaines, quand le patient a eu un vaccin, pour ne pas avoir des artefacts qui apparaissent uniquement parce que le système immunitaire réagit au vaccin."

La Société américaine d'imagerie mammaire recommande pour sa part aux radiologues de demander à leurs patients leur statut vaccinal et de noter la date et le bras qui a reçu l'injection. Il invite surtout les praticiens à avancer l'examen avant la vaccination ou à le reporter de quatre à six semaines après l'injection de la seconde dose. Un groupe d'experts a formulé des recommandations similaires fin février dans la revue Radiology*.

* Ces liens renvoient vers des articles en anglais.

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