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Transferts de patients : l'Association des médecins urgentistes de France préfère "qu'on ouvre des lits plutôt que d'envoyer des hélicoptères"

Son directeur, Christophe Prudhomme, estime que déplacer des malades du coronavirus mobilise beaucoup trop de personnel. Il vaut mieux, selon lui, transférer du matériel.

Article rédigé par franceinfo
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Le 29 mars, 36 patients atteints du Covid - 19 ont été transférés de Mulhouse vers la région Nouvelle Aquitaine. (LAURENT PERPIGNA IBAN / HANS LUCAS)

"On aimerait qu'on ouvre des lits de réanimation en Seine-Saint-Denis ou à l'Hôtel-Dieu plutôt que d'envoyer des hélicoptères", réagit Christophe Prudhomme, médecin du Samu 93 et porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France, après l'annonce de nouveaux transferts de patients franciliens atteints du coronavirus vers d'autres régions de l'Hexagone

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Christophe Prudhomme estime qu'"il vaut mieux déplacer du matériel que des patients" accompagnés de nombreux soignants. "La région Île-de-France dispose de locaux d'hôpitaux qui ont été fermés, comme l'hôpital de l'Hôtel-Dieu à Paris et l'hôpital Jean-Verdier en Seine-Saint-Denis, qui est en cours de fermeture. C'est dans ces hôpitaux qu'il faut monter des réanimations. Il vaut mieux rapatrier des respirateurs et du personnel de province plutôt que de transférer des patients", estime le médecin urgentiste également représentant CGT.

Un manque de matériel de réanimation

Les transferts de patients dans d'autres régions, "ça mobilise énormément de personnel dans des TGV, c'est très médiatique, ça fait plaisir à certains mais transporter 20 patients c'est mobiliser un nombre de personnes très important", déplore Christophe Prudhomme. Pour le porte-parole de l’Association des médecins urgentistes, "le premier TGV qui a quitté la région Est, c'était 150 soignants pour 20 patients (…) Nous sommes un peu énervés d'être obligés de subir ces décisions qui nous mobilisent au-delà du nécessaire."

Le médecin reconnaît tout de même que ces transferts "soulagent les deux régions qui sont aujourd'hui partiellement impactées, le Grand Est et la région Île de France". Mais il ajoute : "Vous avez des dizaines de milliers de mètres carrés, des services qui ont été fermés, mais dans lesquels il y a de l'oxygène, des fluides, comme l'Hôtel-Dieu. On ne peut pas ouvrir des lits à l'Hôtel-Dieu plutôt que transférer des patients en province ?"

Le médecin urgentiste de Seine-Saint-Denis souligne également le manque de matériel de réanimation. "On fonctionne depuis des années à flux tendu. Ça fait des années que nous dénonçons, nous médecins urgentistes, le fait que chaque hiver, chaque été, chaque long week-end du mois de mai, nous n'avons pas assez de lits de réanimation, nous n'avons pas assez de réanimation depuis quinze ans dans les hôpitaux ! C'est ça la réalité."

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