Cet article date de plus de quatre ans.

Solidarité ou escroquerie ? Face au coronavirus, les cagnottes en ligne sous surveillance

Depuis le début de la crise, les cagnottes en ligne liées à la pandémie de coronavirus se multiplient. Mais les hôpitaux s'inquiètent parfois de cette initiative qui peuvent cacher une escroquerie.

Article rédigé par franceinfo - Manon Mella
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Une personne navigue sur une cagnotte en ligne. (JEAN-FRAN?OIS FREY / MAXPPP)

La solidarité des Français à l'égard des soignants ne s'exprime pas uniquement le soir à 20 heures. Depuis le début de la pandémie de coronavirus en France, le nombre de cagnottes en ligne a explosé. Sur Leetchi.com, le principal site en France, les 10 000 tirelires créées depuis le début de la crise ont permis de récolter environ six millions d’euros, selon sa directrice générale, Alix Poulet. Pour la plateforme CotizUp, l'activité a été multipliée par trois avec "un don effectué toutes les 6 secondes", indique le responsable du service conformité, Mounir Boukallit, à franceinfo. Malheureusement, les arnaques existent. La cellule Vrai du Faux vous explique.

Des établissements de santé parfois inquiets

Des établissements de santé se sont inquiétés de voir circuler sur les réseaux sociaux des cagnottes dont ils n’étaient pas à l’origine. Lundi 6 avril, le CHU d’Amiens a même publié un tweet pour alerter sur la circulation d’une fausse cagnotte les concernant. Il s'est passé la même chose pour un Ehpad situé à Mulhouse.

France 3 Bourgogne a rapporté qu’une cagnotte Leetchi a été créée pour récolter et reverser des dons au centre hospitalier d’Auxerre. Ce dernier a confié "douter de la bonne foi de la personne qui a mis en ligne la cagnotte". Pour le moment, le créateur de cette cagnotte "a été bloqué dans l’attente de justificatifs. Il ne peut donc ni modifier ni dépenser sa cagnotte", explique Alix Poulet, de Leetchi.com à franceinfo. Si l'établissement de santé n'est pas à l'initiative de la cagnotte, celle-ci n'est pas obligatoirement considérée comme frauduleuse. Mais une personne qui souhaite aider un hôpital "doit collecter en son nom et non au nom de l’établissement", précise Mounir Boukallit de CotizUp.

Des cagnottes institutionnelles existent

Les établissements de santé ou les fondations collectent aussi eux-mêmes directement des fonds en passant par d’autres circuits que les sites de cagnottes en ligne. Par exemple, la Fondation de l’AP-HP pour la recherche a lancé une collecte de fonds via l’application Facebook qui permet de récolter de l’argent. Le CHU d’Amiens invite les internautes désireux de les aider à les contacter directement par mail. La Fondation de France, premier réseau de philanthropie en France avec 857 fonds et fondations abrités, a également lancé un appel à la générosité.

Les dons recueillis par internet et par courrier serviront en priorité à répondre aux besoins des soignants, avec "l'achat de matériel médical pour augmenter la capacité d'accueil des hôpitaux à travers la France et la mise en place de cellules d'aide psychologiques pour les soignants", explique la Fondation de France. L’Institut Pasteur a également lancé un appel aux dons pour développer un vaccin contre le coronavirus. Les dons à ces fondations permettent de bénéficier d’une réduction fiscale de 66% du montant des dons.

Les cagnottes frauduleuses liées au Covid-19, cela reste marginal. Elles se comptent sur les doigts d’une main.

Alix Poulet
directrice générale de Leetchi.com

à franceinfo

Lorsqu’elles sont hébergées sur des plate-formes certifiées et sécurisées, les cagnottes en ligne sont en grande majorité sans danger. Cependant, certains internautes mal intentionnés profitent de l’émotion provoquée par la situation actuelle pour créer des fausses cagnottes afin de détourner l’argent à leur profit. N’importe qui peut décider de lancer une cagnotte solidaire. Si tout est en règle, elle n’a pas de raison d’être supprimée. Dans ce cas, il y a des conditions à remplir : le créateur de la cagnotte doit fournir des documents qui attestent son identité. Le RIB de l’hôpital à qui sont destinés les fonds doit être également enregistrer. Un internaute n’a, en principe, pas le droit d’envoyer l’argent récolté sur son compte bancaire pour ensuite le donner dans un deuxième temps à l’hôpital.

Des vérifications scrupuleuses

Il est donc important de vérifier le sérieux du site où la cagnotte est mise en place. Leetchi.com détient depuis octobre 2019 l’agrément d’agent prestataire de service de paiement et dispose de l’agrément public d’intermédiaire en financement participatif (IFP). L'entreprise est "ainsi tenue, par exemple, d'effectuer des vérifications (identité, RIB du destinataire de la cagnotte) sur toutes les cagnottes hébergées sur [leur] site", explique Alix Poulet. Ces vérifications sont menées systématiquement et en continu, même hors situation de coronavirus. CotizUp dispose également d'un programme anti-fraude avec "plusieurs outils de vérification pour détecter les cagnottes et utilisateurs frauduleux", indique Mounir Boukallit. La plateforme exige "une pièce d’identité valide pour tous les utilisateurs dès le premier euro collecté", ce qui n’est pas le cas de tous les sites de cagnottes en ligne.

Les cagnottes validées reçoivent des badges de certification qui permettent de les identifier facilement. De son côté, Leetchi.com a publié la liste des plateformes certifiées par ses équipes. Il est aussi possible de signaler les cagnottes douteuses. La répression des fraudes a mis en place SignalConso.gouv.fr afin de réaliser cette démarche qui est également possible auprès des gendarmeries nationales, via messagerie instantanée.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.