Cet article date de plus d'un an.

Reportage Au festival "Arte Mare" à Bastia, les acteurs du cinéma tentent de faire cohabiter salles obscures et plateformes

Après la crise du Covid-19, l'industrie du film tente de se réinventer face, notamment, à l'expansion rapide des plateformes de streaming.

Article rédigé par Matteu Maestracci
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une salle de cinéma vide à cause du confinement lié au Covid-19, en décembre 2020. (AURELIE LADET / MAXPPP)

Il y a quelque chose de beau, et même presque d'émouvant, à voir le Théâtre municipal de Bastia plein à craquer de gens partageant une envie de cinéma, dans une période post-Covid, où beaucoup délaissent les salles obscures pour regarder des films à domicile. Le festival de cinéma "Arte Mare" s'est ouvert, ce vendredi 30 septembre. Il fête ses 40 ans. 

>> Crise du cinéma : "Si vous baissez le prix des places, on n'aura plus la possibilité d'investir" prévient le président de la Fédération nationale des cinémas français

Un événement, comme tous ceux liés au septième art depuis plusieurs mois, confronté à la crise actuelle du secteur, entre baisse de fréquentation dans les salles et prééminence des plateformes de streaming. Mais pour le réalisateur espagnol Rodrigo Sorogoyen, président du jury du festival, et dont l'excellent dernier film "As Bestas" a franchi en France la barre des 300 000 entrées, ce sont bien les salles qu'il faut aider et pas les plateformes : "Il doit y avoir de la place pour tout le monde, mais pour avoir de la place pour tout le monde, il faut aider la partie faible qui est désormais la salle de cinéma."

"L'expérience de voir un film à la maison, sur une plateforme ou sur un DVD, ce n'est pas du tout pareil. Ce n'est pas contre les plateformes, mais il ne faut pas les aider, il faut aider les salles de cinéma"

Rodrigo Sorogoyen, président du jury du festival "Arte Mare"

à franceinfo

Mais lutter contre les plateformes est sans doute un combat daté, voire déjà perdu. Il faut que les deux modèles existent ensemble et se complètent, selon la présidente d'"Arte Mare", Michèle Corrotti. "On ne peut pas refaire l'histoire, elle est ce qu'elle est, explique-t-elle. Le rôle des plateformes n'a cessé d'augmenter. Il faut que ce goût des films continue à donner envie d'aller voir avec d'autres [personnes] dans une salle cette expérience unique de partager des émotions."

"Un accès aux films dynamique"

Et il se trouve qu'Allindi, une plateforme de streaming consacrée aux films corses et méditerranéens, lancée en 2020, est justement partenaire du festival. "On est convaincu de quelque chose, c'est que le cinéma ne doit pas se cantonner au téléphone, à la tablette, à la télévision, à l'ordinateur, explique Gérôme Bouda, l'un de ses fondateurs. Le cinéma doit vivre sur grand écran, mais pas que en salle."

Allindi organise des projections publiques. "En fait, on considère qu'on partage des expériences que sont les films avec le public. On pense que les supports sont complémentaires, parce qu'on peut très bien aller voir un film au cinéma et avoir envie de le montrer à sa grand-mère, à ses amis qui n'étaient pas là le jour de la projection. On est plus sur cette vision-là d'un accès aux films qui serait dynamique", précise Gérôme Bouda.

Accompagner d'abord les films en salle pour leur assurer ensuite une deuxième vie, y compris économiquement, en ligne. C'est sans doute le modèle le plus vertueux possible dans un secteur si concurrentiel et en plein doute. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.