Masque à l'école : "C'est une belle opportunité" pour apprendre à analyser les émotions du regard, affirme le psychiatre Serge Tisseron
Il conseille aux parents d'évoquer avec leurs enfants les difficultés qu'ils rencontrent au travail vis-à-vis des normes sanitaires pour montrer "que les écoles ne sont pas des lieux d'exception".
La rentrée scolaire se déroule cette année sous un protocole sanitaire particulier. Le port du masque est obligatoire pour les professeurs. Il le sera aussi dès le collège pour les élèves. Mais les écoliers du primaire et de maternelle en seront dispensés pour le moment. "Les enseignants ont vraiment un travail original à faire par rapport aux rentrées précédentes", a estimé lundi 31 août sur franceinfo le psychiatre et psychanalyste Serge Tisseron.
"C'est important que les enseignants profitent de l'occasion pour encourager les enfants à mieux identifier les mimiques en regardant les yeux de leur interlocuteur", défend ce spécialiste de la famille et des nouvelles technologies. Il faut donc faire, selon lui, de la contrainte du masque "une opportunité" et en tirer du positif.
"Prenez un enseignant qui fait son cours. On sait que beaucoup d'enfants se guident sur le mouvement des lèvres de l'enseignant. Les enfants ne vont plus voir le mouvement des lèvres de leurs enseignant", poursuit Serge Tisseron.
Il faut que les enseignants soient plus présents par les mimiques, les intonations, bouger plus.
Serge Tisseronà franceinfo
Face à cette crise "dramatique", le psychiatre et psychanalyste juge que "si les enfants apprennent à mieux analyser les émotions de leur interlocuteur parce qu'ils prendront en compte les yeux et la bouche, si les enseignants apprennent à faire des cours différents, c'est une belle opportunité". "Une rentrée, c'est aussi un élément important pour déterminer le reste de l'année, comment les enfants vont se rencontrer, comment ils vont communiquer entre eux", souligne Serge Tisseron. Il va falloir, dit-il, "faire appel à leur intelligence, les responsabiliser, les valoriser".
Inventer des défis autour des règles sanitaires
À la maison, les parents devront "valoriser" leurs enfants, ajoute le psychanalyste et leur parler de leurs propres difficultés rencontrées au travail pour montrer "que les écoles ne sont pas des lieux d'exception, que ce sont des espaces communs". Pour les plus petits, Serge Tisseron estime que l'idéal serait de pouvoir faire de cette nouvelle situation une sorte de défi, "se laver les mains aussi souvent que les consignes de sécurité l'obligent".
Pour les plus jeunes enfants qui ne portent pas de masque, les parents peuvent en faire un jeu, défend le psychanalyste et psychiatre en "se familiarisant avec la lecture des émotions" en mettant par exemple "une main devant la partie basse de leur visage" pour "s'amuser à essayer de deviner ce qu'on exprime avec les yeux".
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