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"Je ne mange plus, j'ai beaucoup d'insomnies" : les consultations psychologiques des jeunes explosent

L'épidémie de Covid-19 a un impact sur la santé mentale des Français et en particulier des jeunes, qui sont pour beaucoup dans des situations de fragilité.

Article rédigé par Anne-Laure Dagnet - Édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une personne au Jardin des plantes, à Paris (illustration). (LUC NOBOUT / IP3 PRESS / MAXPPP)

"Mes crises d'angoisse, en général, prennent la forme d'un étouffement, j'ai de plus en plus de mal à respirer, je ne suis plus capable de bouger ni de parler", décrit Maé, 21 ans. Cette étudiante en école de commerce vient une fois par semaine au relais étudiants lycéens, dans le 13e arrondissement de Paris. Un service de consultations psychologiques, qui voit augmenter le nombre de visites, en raison de l'épidémie de Covid-19 et de ses conséquences.

"Quand je suis dans la rue, j'ai un peu l'impression d'être dans un plan de film, au moment où on zoome sur les yeux de la personne et j'ai l'impression qu'il ne faut pas qu'on me touche, qu'il ne faut pas que je touche, explique la jeune femme. Je réfléchis et je me dis 'oh non, j'ai touché cette boite de riz et finalement je ne l'ai pas prise, est-ce que ça va avoir un impact plus tard ? Je vais le refiler [le virus] à quelqu'un, je n'ai pas envie d'être responsable de faire du mal aux gens'."

Un "saut considérable" de troubles dépressifs

Dominique Monchablon est à la tête du relais étudiants lycéens où Maé vient consulter. La psychiatre voit passer de plus en plus de jeunes : "Il y a une prévalence accrue de troubles anxieux, de troubles dépressifs et d'idées suicidaires, ça a été multiplié par deux, c'est un saut considérable. Ces réactions dépressives et anxieuses sont fortement connotées à la crise sanitaire et à l'impact des différents facteurs de stress." La professionnelle alerte sur l'importance de la prise en charge de ces malaises avant qu'ils ne s'aggravent, surtout quand on sait que "les 18-25 ans représentent une tranche d'âge où 75% des troubles psychologiques et psychiatriques s'installent".

"La grande question, c'est de savoir comment prendre en charge cette détresse, pour éviter que cette souffrance psychologique se prolonge en maladie, s'installe en troubles."

Dominique Monchablon, psychiatre

à franceinfo

Les lycéens et les étudiants doivent suivre les cours à distance, loin des amis, rester confinés dans de petits appartements, ils n'ont plus de petits boulots pour gagner de l'argent et surtout ils s'inquiètent pour leur avenir. "C'est très frustrant comme situation, parce qu'on a l'impression de ne rien contrôler", raconte Énora, en première année au lycée Henri IV.

"Cette situation a remis en cause plein de projets que j'avais, par exemple de passer un semestre à l'étranger, pour avoir un diplôme d'anglais. Avancer, avoir de nouveaux projets, de nouveaux buts, c'est très compliqué. Je ne mange plus, j'ai beaucoup d'insomnies, de l'angoisse, des crises de panique, des vomissements", poursuit l'étudiante.

"L'ensemble des règles sanitaires, les restrictions qu'on a, le confinement, ça devient dur à gérer."

Quentin, étudiant

à franceinfo

Pour Quentin aussi c'est difficile, il est en classe prépa des grandes écoles :
"C'est l'angoisse. Déjà, le cursus en classes préparatoires est un peur dur psychologiquement, là ça apporte un stress permanent en plus de celui qu'on a déjà."

Pour éviter que ces jeunes développent des maladies mentales, il faut faire de la prévention, dans les lycées et les universités, voilà ce que recommande la responsable du centre Dominique Monchablon. Pour la psychiatre, les autorités n'en font pas assez.

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