Covid-19 : une première évacuation sanitaire depuis Tahiti jusqu'à la métropole, "sur cette distance, c'est un record mondial"
L'avion qui transporte dix malades du Covid-19 va parcourir 16 000 kilomètres au total. Il fera une escale à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. C'est "une solution sécuritaire", indique le professeur Pierre Carli, en charge de l'évacuation.
C'est une première mondiale. Des soignants français procèdent samedi 18 septembre à une évacuation sanitaire aérienne de dix malades graves du Covid-19 de Tahiti jusqu'à la métropole, afin de soulager le service de réanimation de l'hôpital de Papeete. Cet hôpital dans le ciel va parcourir 16 000 kilomètres. L'avion atterrira à 10 heures à l'aéroport d'Orly, près de Paris, après 22 heures de vol. Jusqu'à présent, les vols d'évacuations les plus longs ont duré deux à trois fois moins longtemps.
À bord de l'avion juste avant le décollage, le professeur Pierre Carli, directeur médical du Samu du Paris et en charge de l'évacuation, a souligné le caractère exceptionnel de cette opération. "Des patients de réanimation pris en charge dans un avion de ligne, par des équipes civiles, en dehors d'un conflit militaire, raconte-t-il, une évacuation sanitaire sur cette distance, avec des patients intubés et ventilés, c'est un record mondial pour l'instant."
Le médecin se félicite des moyens déployés pour faire face à la pandémie. "Ce terme de record, c'est simplement pour montrer que nous avons appris à combattre de manière de plus en plus efficace ce virus. Ce qui s'est appliqué à la métropole avec les TGV s'est appliqué aux Antilles avec la même efficacité. Et c'est transposable, c'est l'objectif de la mission actuelle, à longue distance. Ce qui veut dire que pour nos concitoyens ultramarins ou à n'importe quel endroit, nous avons une capacité de production de 10 à 12 lits de réanimations presque partout."
Une escale à mi-chemin
La question d'un vol direct s'était posée, mais les autorités ont finalement préféré organiser le voyage en deux étapes. Une escale prévue à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe. "C'est premièrement une solution sécuritaire, explique Pierre Carli. Un vol direct nous amenait à survoler des pays avec lesquels on est limité en terme d'échanges, de possibilité d'aide." Un vol direct serait également risqué pour "des raisons météorologiques ou de consommation de l'appareil. Là, ça deviendrait très compliqué."
L'escale durera deux heures, le temps de refaire le plein de kérosène, de charger de nouvelles bouteilles d'oxygène pour les malades et qu'un nouvel équipage monte à bord. Pendant cette évacuation sanitaire, l'avion va voler à plus basse altitude pour réduire la pression sur les corps et maintenir l'état de santé des patients stable sur un temps long.
"C'est une réanimation volante, ce n'est pas un transport. On continue la réanimation à bord."
Pr Pierre Carlifranceinfo
Les équipes médicales sont plus nombreuses que lors des transferts précédents depuis les Antilles ou la Réunion, afin de leur permettre de se relayer au chevet des patients et pour conserver un maximum de qualité de soins.
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