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Vidéo "On a décalé la limite de la mort" : à Paris, ils improvisent un bloc opératoire en pleine rue pour sauver les victimes d'arrêt cardiaque

Publié Mis à jour
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Envoyé spécial. Un bloc opératoire en pleine rue pour traiter les arrêts cardiaques et "décaler la limite de la mort"
Envoyé spécial. Un bloc opératoire en pleine rue pour traiter les arrêts cardiaques et "décaler la limite de la mort" Envoyé spécial. Un bloc opératoire en pleine rue pour traiter les arrêts cardiaques et "décaler la limite de la mort"
Article rédigé par France 2
France Télévisions

Ils opèrent en urgence des victimes d'arrêt cardiaque sur les trottoirs de… Paris ! "Envoyé spécial" a assisté à l'un de ces sauvetages, et rencontré l'inventeur d'une technique révolutionnaire. Elle permet de sauver 30% de ces patients menacés de mort imminente, qui peuvent ensuite reprendre une vie normale.

Ce matin-là, c'est une course contre la montre qui s'engage pour sauver un homme de 45 ans. Il s'est effondré sur la chaussée, devant l'étal d'une épicerie parisienne. Toutes les techniques de réanimation ont été entreprises par les urgentistes du SAMU, mais depuis une heure, son cœur ne repart pas. Pour tenter d'arracher cet homme à une mort certaine, une équipe médicale va utiliser une technique révolutionnaire, un protocole opératoire qu'ils sont les premiers au monde à utiliser. 

Un bloc opératoire à ciel ouvert

L'ECMO (pour Extracorporeal Membrane Oxygenation, en français oxygénation par membrane extracorporelle) est une machine dont l'usage est normalement réservé au bloc opératoire, à l'hôpital. Sur le trottoir, au milieu des tomates et des oranges, elle va prendre le relais du cœur et des poumons de la victime, en réalisant une circulation sanguine extracorporelle. 

"Quand on branche l'ECMO, la machine pompe le sang de la victime, l'oxygène, et le renvoie avec une forte pression dans le corps du patient, explique le Dr Akshay Mungur. Et c'est ce sang oxygéné à forte pression qui peut faire repartir le cœur du patient. Mais à ce moment-là, on n'a aucune certitude, on ne sait pas si ça va marcher." Après quelques minutes interminables où toute la rue retient son souffle, le moniteur cardiaque se met à bipper : "Il y a un pouls, exulte le Dr Mungur, le cœur est reparti !"

Malgré sa fatigue après ces moments d'intense concentration, le médecin est heureux d'avoir "vécu quelque chose qui est hors du commun, quelque chose d'extraordinaire dans le vrai sens du terme" : "Il ne faut pas oublier qu'il serait décédé devant cette épicerie si on n'était pas intervenus."  

"On est très fiers, parce qu'on se dit qu'on est les pionniers"

Cette technique peut sauver 30% des victimes d'arrêt cardiaque prises en charge, et leur permet d'espérer reprendre une vie normale. "On est très fiers, parce qu'on se dit qu'on est les pionniers. Ça n'existe nulle part ailleurs", souligne Akshay Mungur, qui "pense que c'est l'avenir".

Pour autant, ce n'est pas fini, car il faut maintenant surveiller l'état cérébral de la victime. Les "miraculés" comme lui doivent passer plusieurs jours en réanimation. A l'hôpital Necker, à Paris, le Dr Lionel Lamhaut prend la relève auprès des patients. C'est lui l'inventeur de cette technique inédite, qu'il résume ainsi : "Pour nous laisser le temps de traiter l'origine de l'arrêt cardiaque, on a décalé, finalement, la limite de la mort."

Extrait de "Les soldats du cœur", un reportage diffusé dans "Envoyé spécial" le 2 septembre 2021.

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