Un appel aux dons de l'hôpital parisien Georges-Pompidou pour acheter un scanner "révolutionnaire" provoque une polémique

Cette campagne de financement publiée sur X jeudi par l'AP-HP n'a pas manqué de faire réagir. Le député Les Républicains Yannick Neuder, médecin de profession, évoque une situation "ubuesque", où "l'hôpital doit désormais demander la charité pour obtenir du matériel de soin".
Article rédigé par franceinfo
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Un scanner à comptage photonique à Lyon, le 29 avril 2019. (JOEL PHILIPPON / MAXPPP)

Un appel aux dons qui passe mal. L'hôpital parisien Georges-Pompidou a lancé sur X, jeudi 28 décembre, une campagne de financement participatif pour acquérir un scanner à comptage photonique, un "procédé d'imagerie révolutionnaire". Ce nouvel appareil représenterait "une avancée scientifique majeure" dans de nombreuses spécialités, en particulier la cardiologie, les maladies vasculaires, la cancérologie et les pathologies ostéoarticulaires, détaille l'Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP).

Si l'hôpital réussit à réunir assez d'argent pour acheter cet appareil, il sera le premier établissement à en détenir un en région parisienne et le troisième en France, selon l'AP-HP. Le premier du genre a été installé dans les hôpitaux lyonnais en 2019, pour un coût de 1,4 million d'euros, contre 0,5 et 1,2 million d'euros pour un scanner classique, selon France 3 Rhône-Alpes. Pour les patients, cette nouvelle technologie permet une réduction de la dose d'irradiation de "40 à 50% par rapport à un scanner standard", ou encore "un meilleur suivi des cancers et détection plus précoce des récidives" et une "diminution du recours à certains examens invasifs", comme la chirurgie ou la chimiothérapie, promet l'AP-HP. 

Les dons ne sont qu'un "appui", réagit l'AP-HP

Toutefois, dans un contexte budgétaire tendu pour l'hôpital public, l'initiative fait grincer des dents certains, notamment parmi les élus. Thomas Portes, député de La France insoumise (Seine-Saint-Denis), pointe sur X "les ravages des politiques d'austérité", regrettant qu'un hôpital public soit "obligé de faire un appel aux dons pour financer l'achat d'un scanner". L'ONG Attac va dans le même sens, estimant que si "les ultrariches et les entreprises multinationales payaient leur juste part d'impôt", les hôpitaux publics "n'auraient pas besoin de faire des appels aux dons pour se financer".

A droite, le député Les Républicains de l'Isère, Yannick Neuder, médecin de profession, évoque une situation "ubuesque", où "l'hôpital doit désormais demander la charité pour obtenir du matériel de soin". Le député Rassemblement national du Pas-de-Calais Emmanuel Blairy pointe la "gestion catastrophique des deniers publics par le gouvernement". "Les Français paient pourtant des impôts", souligne également sur X l'élu d'extrême droite.

Contactée par franceinfo, l'AP-HP rappelle que le mécénat et les dons ne sont qu'un "appui" pour acquérir ce matériel, qu'elle finance "très majoritairement", sans toutefois en préciser les montants. L'établissement souligne que le même appel aux dons pour ce scanner avait été partagé sur ses réseaux sociaux fin novembre, sans déclencher de polémique. En outre, ce n'est pas la première fois qu'il choisit une telle inititiative. Une campagne de financement lancée en pleine crise du Covid-19, avait ainsi permis de réunir plus de 41 millions d'euros entre le 12 mars et le 18 mai 2020, selon la fondation de l'AP-HP

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