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Vidéo À Paris, de fausses cartes d'handicapés pour se garer gratuitement

Publié Mis à jour
Durée de la vidéo : 3 min
Oeil 20h - 28/11/2018
Oeil 20h - 28/11/2018 Oeil 20h - 28/11/2018 (France 2)
Article rédigé par L'Oeil du 20 heures
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Quand on est handicapé et qu’on cherche à se garer, tout est fait, en principe, pour aider : des places réservées et des stationnements gratuits, grâce à une carte spéciale. Mais le nombre de fraudeurs explose car ce macaron est très simple à falsifier.

Contrôles de routine pour deux agents de la société spécialisée Moovia, dans le Nord de Paris. Depuis un peu plus d’un an, posséder la carte de stationnement pour handicapés permet de se garer gratuitement partout en France. Sur des places réservées aux invalides ou non. Résultat, sur l'avenue parcourue ce jour-là : “Sur dix voitures inspectées, neuf présentent une carte handicapé, relève l'un des agents de contrôle du stationnement chez Moovia. Depuis que les usagers savent que c’est gratuit pour les handicapés, on voit de plus en plus de cartes. On ne verbalise pas, on est juste habilités à les prendre en photos avec la plaque et à envoyer l’information.”

Deux fois plus de cartes que de conducteurs handicapés ?

Information transmise à la police, la seule qui puisse sanctionner les fraudeurs : ils risquent jusqu’à cinq ans de prison et 75 000 € d’amende. Contactée, la préfecture n’a pas su nous dire combien sont punis chaque année.

Y aurait-il alors comme un sentiment d’impunité ? Aujourd’hui, selon nos calculs, 6,7% des conducteurs parisiens seraient invalides. Or, d'après une étude de Moovia réalisée au printemps, 13% des véhicules stationnés dans la capitale présentent une carte handicapé. Soit deux fois plus de cartes en circulation que de conducteurs invalides… Nous avons fait le test.

"Je passe une demi-heure à chercher une place"

A 77 ans, Jacques Gonzales conduit encore tous les jours dans Paris. Victime de graves pertes d’équilibre, il accepte pour nous d’échanger sa carte de stationnement, bien réelle, contre une contrefaçon plastifiée. “Bien difficile de faire la différence !", s'étonne ce professeur de médecine à la retraite.

Les agents de contrôle arrivent devant la voiture. Et au moment d'inspecter la carte : “Pour moi, la date est bonne, affirme un autre agent de stationnement de la société Moovia. Il y a le numéro, il manque juste la date de délivrance, mais ça peut s’effacer avec le soleil... Donc la carte est plutôt bonne." Bref, aucune amende en vue : les agents n’ont aucun moyen de distinguer une fausse carte d’une vraie.

Conséquence de ces fraudes pour les conducteurs handicapés : se garer est devenu une galère. "C’est très très pénible, confirme Jacques Gonzales au volant de sa voiture. Il m’arrive de faire un trajet d’une demi-heure et de passer une autre demi-heure à chercher une place.”

La solution du gouvernement ? Une nouvelle carte

Conscient du problème, le gouvernement a lancé l’an dernier une nouvelle “carte mobilité inclusion”, ou CMI, censée être beaucoup plus difficile à falsifier. C'est en tout cas ce qu'affirme Sophie Cluzel, secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées. “On a pris le taureau par les cornes et on a changé radicalement la façon de faire, justement pour éviter les fraudes, assure-t-elle. Sur la CMI vous avez un QR code, fait par l’Imprimerie nationale, qui sécurise les personnes handicapées.”

Problème, un an et demi après le lancement de cette nouvelle carte, seuls 450 000 exemplaires sont en circulation, sur plus d’1,5 million d’automobilistes handicapés. Les fraudeurs ont donc encore de beaux jours devant eux...

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