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Journée mondiale sans tabac : "Fumer, c'est mourir à petit feu"

Yves Martinet, chef du service de pneumologie au CHU de Nancy, estime que même s'"il y a de moins en moins de fumeurs en France, il ne faut pas crier victoire parce qu'il y en a encore énormément, de l'ordre de 25 à 30%".

Article rédigé par franceinfo
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Entre 25 et 30% des adultes fument en France. (AUDE RASO / FRANCE-BLEU ALSACE (+ FB ELSASS))

"Fumer, c'est mourir à petit feu", a tenu à rappeler vendredi 31 mai sur franceinfo Yves Martinet, chef du service de pneumologie au CHU de Nancy et président du Comité national contre le tabagisme, à l'occasion de la journée mondiale sans tabac. Alors que Philip Morris a affirmé vouloir quitter le marché de la cigarette en proposant de nouveaux produits comme du tabac chauffé, Yves Martinet estime que les cigarettiers rejouent "la même partition qu'il y a 30 ou 40 ans" avec l'introduction des filtres, alors que cela n'avait apporté "aucune amélioration de la santé des fumeurs". Le pneumologue assure également que les nouveaux produits tels que le tabac à chauffer produisent "des produits toxiques pour la santé". Selon lui, l'objectif de l'industrie du tabac est "de faire des profits".

franceinfo : Est-ce qu'il faut croire Philip Morris quand il affirme vouloir quitter le marché de la cigarette ?

Yves Martinet : La politique des cigarettiers est très simple. Elle rejoue la même partition qu'il y a 30 ou 40 ans lorsqu'on a démontré que c'était dangereux pour la santé de fumer. Elle a introduit les filtres. On s'est aperçu que les filtres n'apportaient aucune amélioration de la santé des fumeurs. De la même façon, elle assure la promotion du tabac chauffé, sous l'allégation que ce tabac serait moins dangereux pour les fumeurs, ce qui n'est pas le cas. Philip Morris est le numéro un mondial. Il y a toutes les raisons de ne pas les croire. Leur objectif est simple, c'est de faire des profits. Comme les profits diminuent du fait de la baisse des ventes de cigarettes et de tabac classique, ils proposent du tabac chauffé en disant que ce tabac serait moins dangereux pour la santé des utilisateurs. Ce qui est faux.

Cela ne correspond qu'à leur besoin d'aller vers de nouveaux marchés ?

Il s'agit de conquérir de nouveaux marchés en faisant croire aux enfants que c'est sain et bon de fumer, et de faire croire aux fumeurs actuels que s'ils passent au tabac chauffé ils vont réduire les risques pour la santé, ce qui est complètement faux. Leur seul objectif c'est faire du profit et vendre du tabac. Comme les ventes de cigarettes traditionnelles baissent, ils se tournent vers de nouveaux produits.

Il n'y a aucune garantie sur les meilleurs effets sur la santé ?

Non. Les études qui ont été faites de façon indépendante de l'industrie du tabac montrent que le chauffage du tabac produit des produits toxiques pour la santé. Il n'y a aucune raison de penser que c'est sans risque pour la santé. C'est différent de la cigarette électronique. Dans la cigarette électronique, vous chauffez un liquide et vous vapotez, tandis que là vous chauffez du tabac et vous inhalez la fumée du tabac produite.

Pour les fumeurs classiques, est-ce qu'il y a une bascule de l'état d'esprit autour de la cigarette ?

Maintenant, la cigarette apparaît comme une consommation un peu ringarde. Il y a de moins en moins de fumeurs en France, mais il ne faut pas crier victoire parce qu'il y a encore énormément de fumeurs en France. On est de l'ordre de 25 à 30%, alors que certains pays européens sont à 10% d'adultes fumeurs. Donc on a encore beaucoup de travail devant nous. N'oublions pas que fumer, c'est mourir à petit feu.

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