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Bouteilles de rhum, poissons séchés, pamplemousses ou haricots verts : en Guyane, les trafiquants de cocaïne rivalisent d'imagination pour tenter d'échapper aux contrôles

Gérald Darmanin, Eric Dupond-Moretti et Gabriel Attal ont visité la préfecture de Cayenne samedi 1er octobre alors que le transport de la cocaïne vers la métropole est un véritable fléau. 

Article rédigé par Yannick Falt
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Présentation de saisies de cocaïne, à la prefecture de Guyane, à Cayenne, le 1er octobre.  (YANNICK FALT / RADIO FRANCE)

Mieux lutter contre le trafic de drogue. C’était l’une des priorités de la visite commune en Guyane de Gérald Darmanin, Eric Dupond-Moretti et Gabriel Attal, qui a pris fin samedi 1er octobre. Le transport de la cocaïne vers la métropole est un véritable fléau et les trafiquants ne cessent de faire preuve d’ingéniosité. 

>> Trafic de cocaïne entre la Guyane et la métropole : la difficile lutte contre les mules

À Cayenne, c’est un peu le musée de la cocaïne qu'ont visité les ministres de l'Intérieur, de la Justice et des Comptes publics dans les locaux de la préfecture. Les dernières saisies sont présentées sur des tables. Il y a les boulettes, la cocaïne ingérée entourée de plastique au risque d'une overdose, qui sont utilisées dans près de la moitié des cas. Mais la drogue est aussi cachée sur le corps avec des sachets scotchés sur la peau ou dissimulés dans les sous-vêtements. La cocaïne est aussi transportée dans les bagages. Trois kilos ont été saisis dans des poissons séchés vendredi 30 septembre, par exemple.

De la cocaïne dissimulée dans des haricots verts 

La drogue est aussi passée sous forme liquide, comme dans des bouteilles de rhum ou encore dans des fruits et légumes. "Là, c'étaient des pamplemousses. Quand on le voit, on n'a pas l'impression qu'il y ait de manipulation particulière, il est vraiment constitué. Et après, c'est au niveau du poids ou aussi de la dureté du fruit qui peut nous les interpeller, nous donner un indice comme quoi il peut être rempli de cocaïne", explique Sébastien, un agent des douanes. "On [les trafiquants] a pu faire ça aussi dans d'autres fruits. On a même fait ça dans des haricots verts où les petites graines étaient remplies de cocaïne". 

Voilà pour l’aéroport, d’où partent ce qu’on appelle les "mules". De grosses quantités sont aussi expédiées par voie maritime, avec là aussi des trafiquants de plus en plus ingénieux. Exemple avec ces 600 kilos saisis il y a deux ans, grâce à de faux scellés. "La drogue est insérée dans des containers de transport de marchandises. Donc ils repèrent le numéro du plomb. Ils font faire des doubles de plomb au Suriname, donc en moins de 24h, on a vu que ça avait été réalisé", affirme Yannick Denux, qui dirige l’office des stups en Guyane.

Présentation de saisies de cocaïne, à la prefecture de Guyane, à Cayenne, le 1er octobre.  (YANNICK FALT / RADIOFRANCE)

"Ils ouvrent le container, ils cassent le plomb originel, ils rentrent les sacs de drogue à l'intérieur. Puis, ils referment le container avec une copie du plomb, ils mettent dans le container avec les sacs un autre plomb également prêt à l'emploi. Et de l'autre côté donc, ils recassent le plomb, ils sortent leur marchandise et remettent un plomb copie. Et donc, en fait, c'est totalement invisible pour les forces de l'ordre", expose-t-il.

Pour mieux contrôler les conteneurs, le gouvernement vient d’annoncer l’utilisation d’un scanner mobile sur le port de Cayenne à partir de 2024. D’ici là, comme à l’aéroport, les trafiquants auront sans doute trouvé de nouvelles techniques. Cela donne l’impression d’un défi insurmontable au procureur général de Cayenne, qui parle d’un "Himalaya de cocaïne"

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