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Reportage Déserts médicaux : pour "résoudre les petits maux du quotidien", des pharmacies bretonnes expérimentent la prise en charge de la "bobologie"

Alors que la lutte contre les déserts médicaux est au cœur du volet "santé" du Conseil national de la refondation, franceinfo fait le tour des initiatives qui existent en France. Dans le cadre d'une expérimentation menée par 50 pharmacies en Bretagne, les pharmaciens peuvent traiter des petits maux du quotidien.

Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Les pharmacies de la presqu'île de Quiberon expérimentent depuis un an la prise en charge à l'officine de ce qu'on pourrait qualifier de "bobologie". Photo d'illustration. (FRANCK FIFE / AFP)

Laetitia s'est réveillée avec un mal de gorge, de la toux et l'oreille douloureuse. Son réflexe a été d'aller à la pharmacie : "Attendre une date et un rendez-vous chez un médecin, c'est long. Vaut mieux être en pharmacie du coup", explique la jeune femme. La pharmacienne lui fait un test "pour savoir si c'est une angine bactérienne ou virale". Le résultat est négatif, cela veut dire que c'est viral. La pharmacienne lui vend des pastilles pour la gorge, du sirop mais pour l'oreille "c'est plus délicat, il faudrait qu'un médecin regarde un petit peu le conduit auditif".

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Depuis plusieurs mois, l’idée fait son chemin : décharger les médecins des petits bobos et petites maladies du quotidien, pour les confier aux infirmiers, aux sages-femmes ou aux pharmaciens. Depuis un an, les pharmacies de la presqu'île de Quiberon expérimentent la prise en charge à l'officine de ce qu'on pourrait qualifier de "bobologie". "Ce sont les petits maux du quotidien que l'on essaie de résoudre, détaille Nathalie Caumont et Justine Rétaud, toutes les deux pharmaciennes sur la presqu'île. Il y a treize pathologies aujourd'hui qui sont identifiées. Des pathologies pour lesquelles les patients viennent déjà nous voir au comptoir quotidiennement. Ça va des premières gênes urinaires à la conjonctivite, douleurs dorsales, maux de gorge, la rhinite, les maux de tête, piqûres de tiques. Ça, c'est aussi une chose qu'on voit régulièrement."

Un test angine pratiqué sur une patiente dans la pharmacie Berk, à Quiberon (Morbihan), octobre 2022 (SOLENNE LE HEN / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"On continue à faire le même métier"

Enlever une tique, c'est un nouveau geste autorisé dans le cadre de cette expérimentation. Sur la presqu'île bretonne, beaucoup de choses qui se faisaient déjà sont formalisées, encadrées, explique Nathalie Vasseur, pharmacienne dans le centre-ville de Quiberon : "Il faut être clair, on continue à faire le métier qu'on faisait avant que ce dispositif n'existe." Et les pharmaciennes insistent : "Nous ne sommes pas là pour être le médecin, on est simplement là pour orienter."

"Et s'il faut adresser le patient au médecin, on adresse le patient au médecin. On ne leur pique pas le boulot !"

Nathalie Vasseur, pharmacienne à Quiberon

à franceinfo

Sur cette presqu'île hyper touristique, l'été les médecins sont débordés. D'ailleurs, le docteur Nathalie Morandi voit cette expérimentation d'un bon œil : "Le fait d'avoir des pharmaciens qui peuvent faire un pré-tri, c'est plutôt intéressant puisque ça permet de nous concentrer sur notre cœur de métier, donc de voir des choses plus graves en faisant confiance à nos pharmaciens." Dans le même ordre d'idée, après la possibilité pour les pharmaciens de vacciner récemment, le gouvernement réfléchit à élargir encore leur champ de compétences dès 2023.

Déserts médicaux : les pharmacies sollicitées - Reportage de Solenne Le Hen à Quiberon

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