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La roue de la fortune de l'association Aides pour dénoncer la dérive des prix des médicaments

Le coût d'un même traitement peut varier du simple au double en fonction du pays. L’association de lutte contre le Sida a organisé jeudi une "kermesse des médicaments" à Paris pour dénoncer cet abus.

Article rédigé par Bruno Rougier, Edouard Marguier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'association Aides a organisé une "kermesse des médicaments" à Paris le jeudi 6 avril 2017. (BRUNO ROUGIER / RADIO FRANCE)

Le Monsieur Loyal d'Aides fait tourner une grande roue sur laquelle figurent les prix des traitements en fonction des pays : les différences sont énormes !... En organisant jeudi à Paris cette "kermesse des médicaments", l’association de lutte contre le VIH et les hépatites virales, habituée à ce genre d'actions engagées, dénonce la dérive des prix pratiqués par l’industrie du médicament.

 "Venez, venez tournez la roue pour voir combien ça vous coûterait par mois ! C’est parti !... Leucémie, VIH,… En France, le cancer va vous coûter plus de 3 000 euros par mois !" interpelle l’animateur déguisé en industriel pharmaceutique. Si la roue s'était arrêtée sur les autres cases le prix aurait été différent : 7 500 euros aux Etats-Unis ou 16 euros au Brésil. 

Les exemples ne manquent pas. Les médicaments contre le VIH sont facturés chaque mois plus de 8 300 euros en Argentine, 517 euros en Afrique du Sud. Le traitement contre l'hépatite C coûte entre 9 600 euros par mois en France et 250 euros au Brésil. 

Cyril est séropositif depuis 1995. En 2014, il a attrapé une hépatite C mais n’a "pas du tout supporté"  le traitement classique et a dû l'arrêter. Il existait bien un autre traitement plus confortable mais les médecins ont refusé de le lui administrer car la facture était trop élevée.

J’ai senti une forme d’injustice. Surtout en France où nous ne sommes pas habitués. J’ai du mal à me dire qu’il existe des traitements qu’on ne peut pas avoir à cause du coût

Cyril, séropositif

à franceinfo

L’association Aides dénonce cette situation et pose des questions simples : quand un même médicament voit son prix multiplié par 30 ou par 50 d'un pays à l'autre, comment se passent les négociations entre les fabricants et les pouvoirs publics ? Est-ce-que les pays utilisent toutes les armes qui sont à leur disposition pour faire baisser ces prix ?

L'Etat trop timide 

Aides demande au gouvernement de mettre en œuvre des dispositifs pour limiter l'envolée des prix : "On sait qu’il existe des possibilités comme la fixation unilatérale des prix, explique Cédric Daniel, président d'Aides Paris. L’Etat peut, depuis l’an dernier, fixer lui-même les prix des médicaments, lorsque les négociations échouent avec l’industrie pharmaceutique. L’Etat peut également lever les licences et donc ouvrir la voie à la commercialisation de médicaments génériques quand les prix des médicaments originaux sont trop élevés."

Il prend comme modèle l'Inde, le Brésil ou l'Argentine, où "l’Etat a pris ses responsabilités en affrontant directement les laboratoires : chose qu’on hésite encore à faire en France avec cette manière franche et directe."

Aides n'est pas seule à monter au créneau.... Le président de l'Institut Curie vient de publier une tribune dont le titre est pour le moins évocateur : Prix des médicaments, le système doit évoluer ou périr.

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