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Congrès mondial du cancer : "En France, un patient sort sa carte Vitale et pas sa carte bleue", rappelle une cancérologue

 Alexandra Leary, spécialisée dans les cancers gynécologiques salue le système français de couverture médicale.

Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Pour la cancérologue, les Français ne se rendent pas compte du coût des traitements contre le cancer. (LOIC VENANCE / AFP)

Les cancérologues réunis à la conférence annuelle de l'American society of clinical oncology (ASCO), à Chicago, le congrès mondial du cancer qui s'est tenu du 31 mai au 4 juin, ont lancé une alerte politique sans précédent. Deux études mises au premier plan par les organisateurs saluent la couverture sociale de l’ancien président Barack Obama, l'Obamacare. Une couverture qui a permis aux plus pauvres, et notamment à la population noire, d’accéder gratuitement aux traitements anticancer... sauf que Donald Trump a promis de bientôt la supprimer. L'occasion pour la cancérologue franco-américaine Alexandra Leary de rappeler l'efficacité du système de couverture de l'Hexagone et de la chance qu'ont les Français de bénéficier d'un accès universel aux soins. Un accès envié dans de nombreux pays.

"Le coût n'est pas une inquiétude pour les Français"

Alexandra Leary est née en France de parents américains, elle est aujourd’hui spécialisée dans les cancers gynécologiques et exerce à l’Institut Gustave Roussy de Villejuif. Pour elle, il n’y a qu’une différence entre un patient américain et un patient français, mais elle est de taille : "En France, quand un patient est traité dans un centre de cancérologie, il sort sa carte Vitale mais jamais sa carte bleue, rappelle la médecin. On n'a pas besoin de se poser la question quand on est diagnostiqué avec un cancer de ce que cela va nous coûter."

Des études ont été faites aux États-Unis et elles démontrent qu'à l'annonce d'un diagnostic de cancer, le patient est plus stressé par le coût du traitement que par la maladie.

Alexandra Leary

à franceinfo

En France, le système d’accès universel à la santé est une logique de protection sociale solidaire où l’hôpital public offre un soin de qualité. Agnès Buzyn, la ministre de la Santé le dit régulièrement : plus la maladie est grave, plus le traitement est cher et moins le patient paie. Et cela, Alexandra Leary regrette que les Français n’en aient pas suffisamment conscience. "Le coût financier n'est pas une inquiétude pour les Français alors que plus on innove, plus les thérapies sont chères. Certaines thérapies ciblées coûtent 10 000 euros par an."

Les soins contre le cancer coûtent chaque année 16 milliards d'euros

Évidemment, notre système n’est pas parfait, mais la plupart des cancérologues estiment que chaque Français, qu'il soit jeune, vieux, noir, blanc, citadin ou rural a accès aux soins. "Il y a tout de même un petit retard en Europe par rapport aux États-Unis sur l'approbation de certaines nouvelles therapies, ajoute Alexandra Leary. Les États-Unis les approuvent plus vite, ce qui est bien. Simplement, ça ne sert à rien de les approuver si les gens ne peuvent pas se les payer !". En France, soigner le cancer coûte chaque année 16 milliards d’euros à la sécurité sociale, soit 10% de ses dépenses.

Le reportage de Solenne Le Hen

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