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Vidéo Il y a 50 ans, le marché d'intérêt national quittait le centre de Paris pour Rungis

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Temps de lecture : 2min
Article rédigé par Sophie Auvigne, Solenne Le Hen
Radio France

Rungis a fondamentalement évolué au fil des années, en même temps que les modes de consommation.

Rungis fête son demi-siècle. Le marché d'intérêt national a quitté le centre de Paris, où il était trop à l'étroit, dans la nuit du 2 au 3 mars 1969, pour s'installer en banlieue.

À l'époque, on parle du déménagement du siècle. Plus de 5 000 tonnes de marchandises et 1 500 camions quittent la capitale sous escorte militaire, direction Rungis dans un espace de 250 hectares. Environ 20 000 personnes changent d'environnement de travail. France Inter en fait ses gros titres le 3 mars au matin : "Le ventre de Paris s'installe à Rungis. Rungis sera un des plus modernes marchés du monde." Aujourd'hui, avec trois millions de tonnes de marchandises qui transitent chaque année, Rungis est devenu le plus grand marché de produits frais au monde.

Le reportage de Sophie Auvigne

Guy Eschalier, 96 ans, a connu les deux sites. Pour lui, l'ambiance a radicalement changé lors du déménagement à Rungis. "J'étais chevillard à la Villette, raconte-t-il. Nous achetions sur le marché les animaux vivants et nous les abattions. Les clients devenaient des amis, ils étaient fidèles. Les choses ont beaucoup changé, il n'y a plus cette vie qu'on a connue dans les halles centrales et la Villette."

De nouvelles formes de commerce

Même sentiment pour Pierre Darcot, qui va raccrocher ses bottes en caoutchouc le mois prochain après 40 ans dans le pavillon de la marée. "Ça n'a plus rien à voir aujourd'hui. Vous entendez ? C'est silencieux. Avant, il y avait du monde, ça bougeait, ça criait. Il y avait un langage, le louchebem, qui n'est pas resté."

Ce n'est plus pareil pour Étienne non plus, lui qui a passé 22 ans au milieu des volailles. "C'est une nouvelle forme de commerce qui s'est installée depuis, assure-t-il. Nos clients viennent moins qu'avant. Avant ils venaient pour négocier, maintenant ils viennent pour récupérer leurs marchandises."

Il y a moins de contacts, à cause des portables. On appelle n'importe qui à n'importe quelle heure et n'importe où, on a une réponse. Et on ne se voit plus.

Étienne, grossiste en volailles

à franceinfo

Même les modes de consommation ont changé, et Rungis a suivi : il y a une halle bio, une plateforme de vente par internet... "Il y a cinquante ans, il n'y avait pas de produits cuisinés, ajoute Gino Catena, grossiste en volailles. Même pas de produits en découpe, on vendait des animaux entiers. Aujourd'hui l'évolution, c'est plein de produits coupés, rangés, on pourrait dire en kit. La consommation a un petit peu diminué et les gens ont moins le temps de cuisiner. À partir de là, on va aux petites portions et cela satisfait tout le monde."

Avec un plan d'investissement d'un milliard d'euros d'ici 2025, les pavillons du porc puis des fleurs seront rénovés. Mais Rungis se sent à nouveau à l'étroit et le marché n'exclut pas de s'étendre dans les dix ans à venir.

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