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Le candidat Trump au tribunal

Le procès de Donald Trump au pénal au tribunal de Manhattan, à New York, a débuté lundi. Pour la première fois de l’histoire, un ancien président américain se retrouve sur les bancs des tribunaux pour une affaire pénale. Quel peut-être l’impact de ce procès dans le scrutin qui l’oppose à l’actuel président, Joe Biden ? C’est le sujet du troisième épisode de Washington d’ici, le podcast original avec les correspondants des médias francophones publics.
Article rédigé par franceinfo - Chloé Lavoisard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 22 min
L'ancien président américain Donald Trump assiste au premier jour de son procès pour avoir prétendument couvert des paiements occultes liés à des affaires extraconjugales, au tribunal pénal de Manhattan à New York, le 15 avril 2024. (MICHAEL NAGLE / POOL / AFP)

À six mois et demi de l'élection présidentielle américaine, Donald Trump fait campagne depuis le tribunal de Manhattan. L'ancien président et candidat pour l'élection présidentielle américaine de 2024 est jugé depuis lundi 15 avril pour 34 chefs d'accusation parmi lesquels une "falsification de documents comptables". Il risque jusqu'à quatre ans de prison.

Les faits remontent à 2006. À l'époque, Donald Trump, déjà marié à Melania Trump, entretient une relation extra-conjugale avec une ancienne star du X, Stormy Daniels. Dix ans plus tard, à quelques jours de l'élection présidentielle de 2016, il tente d'acheter son silence pour ne pas entacher sa campagne.

Stormy Daniels reçoit alors 130 000 dollars de Michael Cohen, l'avocat personnel de Donald Trump. Avoir acheté son silence n'est pas illégal, mais la somme versée par l'avocat de Donald Trump n'apparaît pas dans les registres de sa société ou dans ses comptes de campagne. La justice accuse l'ex-président d'avoir maquillé ce remboursement, et donc, d'être coupable de falsification de documents comptables.

"Et le parquet va faire de ces délits comptables quelque chose de plus grave. Le parquet dit que c’était une tentative d’interférer dans l’élection. C’est le lien qu’ils vont essayer de faire et qui va donner une gravité supplémentaire à ces chefs d’accusation."

Jordan Davis, correspondant de la RTS aux États-Unis

Mais avant de juger l'ancien président, un défi s'impose : trouver 12 jurés et six suppléants capables de juger Donald Trump avec "impartialité" . Une réelle épreuve car comme Guillaume Naudin, envoyé spécial à Washington pour RFI, l'explique : "La personne idéale, c'est une personne qui aurait été dans le coma pendant 12 ans, qui se réveille en pleine forme, qui n'aurait aucune opinion sur ce qui s'est passé lors des trois dernières élections présidentielles."

Une "persécution politique" pour l'ex-président

Mais alors quel impact pourrait avoir ce procès sur les élections du 5 novembre qui l'opposeront à l'actuel président américain Joe Biden ? Ce qui est sûr, c'est que le candidat républicain est bien décidé à occuper le terrain médiatique à travers ce procès. Il utilise la médiatisation de l'affaire pour tenir le même discours qu'en meeting lors de prises de parole après les audiences. Pour lui, ce procès fait partie de la "persécution politique" qu'il subit, et la justice n'est "pas crédible". Une tribune politique qui fonctionne : à chacun de ses discours, il grimpe dans les sondages. La radicalisation de ses partisans inquiète.

“Ça inquiète notamment la communauté du renseignement. J'ai parlé il y a peu avec l'ancien directeur de la CIA, John Brennan, qui me disait clairement être inquiet.”

Sonia Dridi, correspondante de la RTBF aux États-Unis

En attendant le verdict du procès qui devrait arriver mi-juin, Donald Trump est sommé de participer à l'ensemble des audiences au Tribunal de Manhattan. Une peine pourrait donc être prononcée avant l'élection de novembre. S'il risque jusqu'à quatre ans de prison, Donald Trump pourra être candidat, voire même élu en prison, car la loi américaine ne prévoit pas d'inéligibilité, même en cas de condamnation pénale.

"Washington d'ici” est un podcast des médias francophones publiques. Une fois par mois, les correspondant·e·s de franceinfo, la RTBF, Radio-Canada, la RTS et RFI décryptent, à leur manière, les toutes dernières infos de la campagne pour l'élection présidentielle américaine de 2024. Avec Sébastien Paour (franceinfo), Jordan Davis (RTS), Frederic Arnould (Radio-Canada), Sonia Dridi (RTBF) et Guillaume Naudin (RFI). Réalisation : Jean-Marc Vierset (RTBF) et Régis De Rath (RTBF).

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