Mali : les militaires viennent-ils de commettre une erreur en réduisant au silence les partis politiques et les associations ?
Il s'agit d'un très mauvais timing pour Assimi Goïta et ses colonels qui imposent le silence et rejettent toutes les formes d'opposition, alors que la junte, depuis le 26 mars 2024, devrait être en train d'organiser des élections et de rétablir le processus démocratique au Mali.
C'était une promesse faite à la population malienne et un engagement vis-à-vis de la Communauté des États de l'Afrique de l'Ouest, mais le Premier ministre Maïga, installé par la junte, affirme vouloir attendre que le pays soit définitivement stabilisé. Il ajoute que ceux qui réclament des élections font le jeu "des ennemis du Mali". Par cette dénomination, il désigne les mouvances djihadistes, divisées en plusieurs groupes, qui sont engagées dans une guerre contre les forces maliennes, ainsi que la coordination des mouvements touaregs de l'Azawad.
Des promesses non tenues
Il y a tous les ennemis de la junte malienne, comme la France ou la mission de pacification de l'ONU, qui ne sont plus aujourd'hui présents sur le territoire. C'est le cas également de certains opposants en exil, comme le docteur Oumar Mariko, qui expliquait déjà, en janvier 2024, sur le plateau de France 24, ce que les militaires maliens entendent par stabiliser le pays. "La junte a envie de faire place nette, pour être seul maître à bord alors qu'elle n'a posé aucun acte qui puisse permettre aux Maliens d'en être fiers. Dans toutes les zones de guerre, partout où les djihadistes frappent, l'armée perd des munitions et des véhicules. C'est Wagner qui commande l'armée malienne sur le terrain et ses mercenaires réussissent même à en découdre avec les soldats maliens, qui ne sont pas d'accord avec les exactions contre les populations. Ça, c'est une réalité que la junte veut cacher, mais qu'on ne peut pas cacher."
Plus personne n'est en mesure, aujourd'hui de contredire ou de modérer les décisions et les orientations du pouvoir malien. En bâillonnant près d'une centaine de partis politiques et d'associations, la junte finit de mettre sous cloche le pays. Sans résultats, sans améliorations et en ne tenant pas ses engagements, Assimi Goïta continue de s'isoler et de glisser lentement, mais sûrement, vers un régime dictatorial. Ce dernier tour de vis disqualifie toutes les voix représentatives du peuple malien, des populations qui jusqu'ici lui étaient plutôt favorables.
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