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Les sociaux-démocrates allemands mettent la barre à gauche

Tous les jours, dans "Un monde d’avance", un coup de projecteur sur une actualité à l’étranger restée sous les radars. Aujourd’hui, le SPD (Parti social-démocrate d'Allemagne) s'apprête à adopter un vaste programme social qui incarne un net virage du parti vers la gauche.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Andrea Nahles, leader du SPD, le 28 janvier 2019. (KAY NIETFELD / DPA)

Le document s’appelle Un nouvel État socialiste pour une nouvelle époque. C’est ce document de travail que la direction du SPD, Parti social-démocrate d'Allemagne, devrait adopter dimanche 10 février. Dix-sept pages au total qui définissent le "projet social" des sociaux-démocrates allemands et le virage est évident. Le SPD met la barre à gauche et tourne la page de l’héritage centriste, voire libéral, initié par Gerhard Schröder au début des années 2000. Les propositions-clés sont les suivantes : augmentation du salaire minimum horaire (d’un peu plus de 9 euros aujourd’hui à 12 euros), prolongation de un à trois ans de la garantie d’assurance-chômage pour les plus âgés, développement du télétravail et généralisation du compte épargne-temps, autorisation des congés sans solde pour raison familiale, accélération de l’harmonisation des niveaux de retraite entre l’est et l’ouest du pays. Autrement dit : un vaste programme social. Le SPD entend "redevenir un parti des travailleurs, capable de répondre aux enjeux de la révolution numérique". Mais une grande partie de la presse allemande s’interroge déjà sur le financement de toutes ces mesures et la réponse du parti n’est pas très claire.    

Le SPD se cherche un cap

Pourquoi ce virage à gauche ? C’est tout simple : le SPD est paumé ! Il cherche à retrouver une boussole politique, comme d’ailleurs de nombreux partis sociaux-démocrates en Europe. C’est d’ailleurs pour ça que ce changement de cap doit être examiné avec attention. Il préfigure peut-être d’autres mouvements ailleurs. Aux dernières élections générales il y a un an et demi, le SPD avait péniblement franchi la barre des 20%. Aujourd’hui, il est plutôt crédité de 15% en 3e voire en 4e position sur l’échiquier politique allemand. En fait, il est pris en tenaille entre d’un côté la "grande coalition de gouvernement", où il est le partenaire affaibli de la CDU de centre droit, et de l’autre côté, l’essor des Écologistes qui ont le vent en poupe, et l’ont récemment devancé dans les régionales en Bavière et en Hesse. 

Un pari électoral à court terme

La nouvelle patronne du parti, Andrea Nahles, 48 ans, a donc décidé de secouer le cocotier. Et de choisir un nouveau cap. Avec un objectif à court terme : redresser la barre lors des prochaines élections européennes du 26 mai. Des élections qui, en Allemagne, se doubleront d’un scrutin municipal dans dix des 16 régions du pays. Sans oublier, qu’à l’automne, en septembre et en octobre, il y aura aussi trois élections régionales dans les Länder d’ex-Allemagne de l’Est. Il n'est pas acquis que cette stratégie porte ses fruits. Mais c’est un nouvel indicateur de la recomposition politique en cours en Allemagne. Les deux partis de gouvernement, SPD et CDU, connaissent une érosion croissante face à la poussée des Écologistes d’un côté, de l’extrême droite de l’autre. Ils cherchent donc des solutions. En tous cas, on voit mal comment, avec un tel programme, le SPD pourrait rester longtemps le partenaire de la CDU au gouvernement : ça paraît franchement incompatible.

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