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Les inondations à Madagascar, révélatrices de la crise environnementale

La grande île de l’océan Indien, au sud-est de l’Afrique, est en proie à des intempéries meurtrières, le tout dans une certaine indifférence internationale.  

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une rue de la capitale malgache Antananarivo après des pluies torrentielles le 8 janvier 2020 (MAMYRAEL / AFP)

Le bilan est pourtant très lourd : 35 morts, 15 000 personnes déplacées, 120 000 sinistrés. Mais effectivement, le sujet passe globalement inaperçu. C’est très révélateur de ce que dit l’ONG Care dans son rapport sur les crises oubliées. De toutes ces crises oubliées, Madagascar est la première, la plus significative. Ce pays de 25 millions d’habitants, grand comme la France, avec lequel nous avons beaucoup de liens historiques, passe systématiquement sous les radars de l’actualité. En l’occurrence, des pluies soudaines, diluviennes, ont soudain frappé le nord-ouest du pays entre le 19 et le 21 janvier ; l’eau a tout inondé, les habitations, les rues, les rizières. Et une semaine après, la région de Marovoay en particulier demeure quasiment coupée du monde, accessible uniquement par pirogue. La crainte désormais, c’est la famine et le risque de dysenterie, en raison du manque d’hygiène : l’eau est en partie contaminée par les cadavres d’animaux et par les latrines qui ont débordé.  

Un effet du réchauffement climatique

Des inondations de cette ampleur, c’est courant en cette saison à Madagascar parce que c’est la saison des pluies. Les cyclones sont fréquents. Mais là il ne s’agissait pas d’un cyclone, juste de pluies violentes, ininterrompues. Les habitants ne s’étaient donc pas préparés, et ça explique en partie le bilan. En fait, selon les scientifiques, on est en présence, là encore, d’un effet du réchauffement global. La pluviométrie dans la région devient imprévisible, difficile à anticiper. Alternant avec des périodes de sécheresse, elles aussi plus prononcées qu’auparavant.  

Une déforestation incontrôlée

Et dans le cas de Madagascar, il y a un facteur aggravant : c’est la déforestation massive. Plus de 100 000 hectares détruits chaque année : culture sur brûlis, exportation illégale de bois, recherche d’essences précieuses, les causes sont multiples. À ce rythme-là, d’ici 20 ans la quasi-totalité de la forêt humide de Madagascar pourrait avoir disparu. Lors de sa visite sur l’île en septembre dernier, le pape François avait d’ailleurs lancé un cri d’alarme sur ce sujet. Conséquence de cette déforestation : l’eau de pluie n’est plus retenue, elle ruisselle sur les sols en latérite, et les inondations sont donc plus rapides et plus nombreuses. Il y a donc bien plus qu’un phénomène météo dans ce qui se passe à Madagascar depuis une semaine : plutôt une "maison témoin" de la crise environnementale.  

L'aide humanitaire se fait attendre

L’acheminement de l’aide se fait lentement parce que les zones touchées sont difficiles d’accès. Et le gouvernement s’oppose à des levées de fond par des associations, de peur que l’argent ne soit détourné. Il y a eu des précédents. Il s’agit en grande partie d’un problème logistique : coordonner l’aide alimentaire ou humanitaire, pour qu’elle arrive au bon endroit, avec les bons produits de première nécessité. Le tout dans un pays qui manque cruellement d’infrastructures. Le bilan pourrait donc s’alourdir au cours des prochains jours.    

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