Encore une mort suspecte dans le milieu industriel en Russie: la 14ème !
Pendant que Vladimir Poutine menace l’Occident et mobilise les réservistes, le pays connaît aussi une étrange série de disparitions, dans les milieux économiques et industriels. La dernière vient de se produire à Moscou.
Anatoly Geraschchenko avait 73 ans. Il avait longtemps dirigé l’Institut de l’aviation de Moscou, un organisme industriel très lié au ministère de la Défense, donc très lié au cœur du pouvoir à Moscou. Selon la version officielle rendue publique mercredi 21 septembre, il est tombé dans les escaliers de l’Institut, son corps a roulé le long de plusieurs volées d’escaliers et il est mort sur le coup. "C’est une perte colossale pour notre communauté scientifique", affirme l’Institut. Si cette mort était isolée, on n’y prêterait guère attention. Seulement voilà, le 10 septembre, un autre ponte du milieu aéronautique russe était mort lui aussi dans d’étranges circonstances. Ivan Pechorin dirigeait le secteur de l’aviation dans l’extrême Orient russe. Et il est mort juste après avoir rencontré Vladimir Poutine lors du Forum économique de Vladivostok. Le lendemain, il est tombé d’un voilier et s’est noyé, son corps a été repêché deux jours plus tard. Ivan Pechorin avait 39 ans et selon la version officielle, il ne savait pas nager. La coïncidence est troublante.
Une série de "suicides" et "d'accidents"
Si on élargit à tout le milieu économique et technologique russe, on atteint donc ce chiffre de 14 morts en moins de 8 mois, en gros depuis le début de la guerre en Ukraine. Il y a d’abord les suicides, ou présentés comme tels : plusieurs responsables du géant gazier Gazprom (Leonid Shulman, Alexander Tyulakov, Vladislav Avayev). A chaque fois, on a retrouvé de pseudo-notes expliquant le suicide à côté de leurs cadavres. Dans le cas d’Avayev, sa femme et sa fille de 13 ans ont également retrouvées mortes. "Suicide" aussi, par pendaison, pour l’ancien patron de Novatek, autre entreprise gazière. Ensuite, il y a les "accidents", en particulier pour deux dirigeants de l’entreprise pétrolière Lukoil, morts en mai et en septembre : Alexander Subotin, victime d’une crise cardiaque pendant "une cérémonie chamanique dans un sous-sol" ; et plus récemment début septembre Ravil Maganov, tombé d’une fenêtre du 6e étage alors qu’il était soigné dans un grand hôpital de Moscou. Il faut ajouter une mort après une chute d’une falaise près de Sotchi en Mer Noire (en mai), une mort par balles près de Saint-Petersbourg (en juillet), et même une autre chute mortelle (en août) dans un appartement à Washington aux Etats-Unis, celle de Dan Rapoport, un businessman ouvertement critique vis-à-vis de Poutine.
Une vieille méthode soviétique
Tous n'étaient pas des détracteurs assumés de Vladimir Poutine. Certains oui : Dan Rapoport, donc et aussi les dirigeants de la compagnie pétrolière privée Lukoil, qui dès le mois de mars avait dénoncé la guerre en Ukraine. Pour les autres on ne sait pas. Avaient-ils formulé des critiques en privé ? Etaient-ils en possession d’informations par trop confidentielles ? Y-a-t-il dans le lot des morts vraiment accidentelles ? En tout cas, la liste est trop longue pour relever d’une série de coïncidences. D’autant que deux autres milliardaires, Anatoli Tchoubais et Roman Abramovitch, ont eux survécu à d’étranges accidents. La Russie est en la matière l’héritière de la méthode du KGB soviétique et de Staline : l’élimination des suspects ou des critiques. Toujours bien sûr en niant la moindre responsabilité.
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