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En Suède, un militant d'extrême droite brûle un Coran , des affrontements éclatent

Plusieurs rassemblements d'extrême droite ont eu lieu mi-avril en Suède, dans différentes villes. En réaction, des manifestations de protestation ont été organisées dans des quartiers musulmans, ce qui a déclenché des affrontements et fait des dizaines de blessés. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un policier anti-émeutes se tient près d'un bus en flammes à Malmö (Suède), le 16 avril 2022. (JOHAN NILSSON / TT NEWS AGENCY / AFP)

Tout a commencé jeudi 14 avril avec la confirmation de la venue dans la ville côtière de Linköping (Suède) de Rasmus Paludan. Cet avocat de formation, basé au Danemark, possède la double nationalité danoise et suédoise et dirige un parti baptisé Stram Kurs, "Ligne Dure" en français. Il entend se présenter aux législatives en Suède en septembre prochain. Sa marque de fabrique : brûler des Corans en public, généralement dans des quartiers à forte population immigrée. Ces dernières années, il a été impliqué dans de multiples incidents dans plusieurs pays européens, y compris en France, où il avait été arrêté et extradé il y a un an et demi.

Cette fois-ci, sa venue avait été autorisée par les pouvoirs publics suédois et Paludan s’est rendu dans plusieurs villes de ce pays de 10 millions d’habitants : Linköping, Norköpping, Rinkeby dans la banlieue de Stockholm, puis Malmö où il a brûlé un Coran en public samedi 16 avril au soir. À chaque fois, des contre-manifestations ont éclaté. Le calme n’est revenu que lundi 18 avril au soir, depuis que Rasmus Paludan a quitté le sol suédois pour regagner le Danemark.

Les policiers pris pour cibles

Le bilan établi par la police suédoise s’élève à plus de 40 blessés, dont 26 policiers, parce que les contre-manifestants, opposés à ce militant d’extrême droite, s’en sont pris d’abord aux forces de l’ordre. Dans ces quartiers à forte population musulmane, ce ne sont pas tant les provocations de Rasmus Paludan qui choquent, c’est surtout le fait qu’elles soient autorisées par les pouvoirs publics. C’est ce qui explique l’engrenage.

Les manifestants, souvent aux cris de "Allah est grand", ont attaqué la police en la considérant comme l’incarnation du pouvoir et donc responsable de l’autorisation donnée à Paludan de brûler des Corans en public. La police suédoise affirme avoir été vraiment prise pour cible : "On a essayé de tuer plusieurs d’entre nous", souligne le commandant des opérations spéciales. Près de 20 véhicules de police ont également été incendiés ou endommagés. Et à Norköpping, les forces de l’ordre ont fini par tirer des coups de semonce. Ils ont, par ricochet, blessé trois personnes. La police a procédé à 40 arrestations dont plusieurs mineurs.  

La question des limites à la liberté d'expression

Ces événements raniment le débat, en Suède, sur la liberté d’expression et sur la tolérance accordée à toute forme d’opinion, même ce qui peut s’apparenter à des incitations à la haine. La Première ministre Magdalena Andersson a dû intervenir lundi. Elle souligne qu’en Suède, "tout le monde peut exprimer son opinion, qu’elle soit de bon ou de mauvais goût. Et quoi que vous en pensiez, vous ne pouvez pas répondre par la violence. Parce que c’est exactement ce que cherche Rasmus Paludan".

Dans la presse suédoise, certains s’interrogent tout de même : jusqu’à quel point la liberté d’expression doit autoriser l’offense aux convictions ? Plusieurs pays musulmans ont également manifesté leur désapprobation face à ces événements qui rappellent, dans une moindre mesure, l’affaire des caricatures de Mahomet au Danemark en 2005. L’Irak, l’Arabie Saoudite et la Turquie ont officiellement protesté en dénonçant des "crimes de haine islamophobes tolérés sous couvert de liberté d’expression".

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