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Zodiac, le naufrage ?

Un nouveau fleuron français pourrait bientôt mettre la clef sous la porte : le fabricant de bateaux pneumatiques Zodiac. L’entreprise a été placée en redressement judiciaire début avril et elle devrait être fixée sur son sort d’ici la fin de la semaine.
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Zodiac logo © Maxppp)

Les éventuels repreneurs ou investisseurs avaient jusqu’à lundi 18 mai au soir pour se manifester. Le temps de débroussailler les dossiers, le verdict du tribunal de commerce de Nanterre pourrait tomber jeudi.

Quoi qu’il en soit, c’est plus qu’un fleuron de l’industrie nautique française qui se retrouve ainsi dans l’œil du cyclone. C’est une des vitrines de notre savoir-faire, une marque forte, la découverte des loisirs nautiques pour plusieurs générations.  

 

Quelles sont les origines du groupe ?

 

Zodiac est né à la fin du 19ème Siècle. La branche nautisme est apparue après la seconde guerre mondiale. Au début, le groupe fabriquait des ballons dirigeables. Zodiac Aerospace existe toujours, spécialisé dans l'équipement de l'intérieur des cabines d'avions.

Zodiac Nautique, c'est notamment le célèbre Bombard, ce canot de survie auto-gonflable et insubmersible. Le ‘’Bombard’’,  du nom de son inventeur, Alain Bombard, qui a traversé l’Atlantique à bord d’un canot pneumatique en 1952 en se nourrissant essentiellement de planctons. Zodiac, c’est tout cela. Une vraie histoire d’entreprise.

 

Aujourd’hui, c'est donc un groupe en grandes difficultés

 

Leader mondial dans sa spécialité, il part à la dérive depuis six ans. 500 personnes ont été licenciées, la société n’en compte plus que 120.

Zodiac nautique a de gros problèmes de trésorerie. La demande est là, mais faute d’argent dans les caisses, il est difficile d’acheter la matière première pour assurer l'approvisionnement des clients.

De 180 bateaux sortant d’usine à Toulouse chaque jour dans les années 90, la moyenne tourne aujourd’hui autour de 10 unités.

L’entreprise est endettée à hauteur de 10 millions d’euros.

 

Pourquoi ce naufrage économique ?

 

Zodiac Marine est chahuté de fonds d’investissements en fonds d’investissements depuis des années. Des investisseurs, américains pour la plupart, bien lointains et dont la culture d’entreprise n’est pas la principale préoccupation.

Des sites ont été délocalisés au Maroc pour réduire les coûts mais rien n’y a fait. Un partenaire qui était susceptible de compenser les décalages de trésorerie pour redonner un peu d’oxygène s’est désisté.

L’un de ces fonds d’investissement s’appelle Carlyle (troisième plus grande société d’investissement au monde derrière notamment Goldman Sachs). Carlyle est le fonds qui a racheté à l’Etat français en 2003 les locaux de l’imprimerie nationale pour 85 millions d’euros… en 2007 et quelques travaux après, il lui a revendu quatre fois et demi le prix pour en faire une annexe du ministère des Affaires étrangères.

Ce qu’il faudrait à Zodiac, c’est un actionnaire de long terme, un bon gestionnaire, avec une vraie culture d’entreprise… un vrai patron et non un gnome apatride.

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