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La France est-elle une bombe à retardement en Europe ?

Une question ce matin : la France est-elle une " bombe à retardement au cœur de l'Europe " comme l'écrit à sa Une The Economist cette semaine ? Avec ce titre provocateur, le très influent et très libéral hebdomadaire du monde des affaires britannique a encore frappé fort.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Ils sont quand même culottés nos amis anglais ! Cela dit, ils nous ont appris à les aimer comme tels. Encore une provocation de la Perfide Albion ! Après l'Allemagne, c'est donc au tour du Royaume-Uni de se porter au chevet de la France qui, à l'en croire, serait menacée d'une sérieuse crise économique et ne prescrirait pas les bons remèdes ! Un chiffre publié hier par l'INSEE a  failli démentir The Economist . Lorsque l'Europe est entrée en récession au troisième trimestre, la France a affiché sur la même période une hausse surprise de sa croissance : +0,2 %. Paradoxal direz-vous ? Pas vraiment. Les Français ont continué à consommer (pour certains, c'est vrai, en puisant dans leur épargne) et puis, comme d'habitude, nous avons profité de nos ventes d'Airbus.

L'Europe en récession mais la France qui résiste. Cela peut-il continuer ?

NON, ça ne va pas durer. En France, même en période difficile, la consommation résiste grâce aux salaires qui restent stables, qui ne fluctuent pas comme c'est le cas aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Espagne ou en Italie. Le système social français protège la consommation et donc, en partie, la croissance. Mais cela ne va pas continuer car, si chez nous le problème n'est pas celui des salaires, il est ailleurs et diffuse son venin de manière beaucoup plus insidieuse dans le temps : c'est l'investissement des entreprises.

On rejoint le débat sur la flexibilité ?

Oui, le temps de travail et les salaires qui ne bougent pas alors que les ventes baissent, c'est une perte de compétitivité pour les entreprises. Moins de compétitivité, ce sont des marges réduites et donc de l'investissement en moins et un ralentissement de l'activité. Voilà le vrai souci. Ce mouvement, on va se le prendre dans la figure dès le quatrième trimestre et il jouera les prolongations en 2013. Nombreuses sont les entreprises qui parlent d'une baisse prochaine de leurs investissements de 10, 20, voire 30% selon les cas et la taille des sociétés. On ajoutera à cela la difficile conjoncture internationale : hors Airbus et le secteur du luxe, nos exportations sont en berne, la croissance chinoise donne des signes de faiblesse, et les Etats-Unis sont en train d'engager un resserrement budgétaire pour faire face à un endettement colossal. Voilà pour le contexte. Quant à The Economist , je lui rappelle aimablement que l'histoire a changé, que la Grande-Bretagne n'est plus isolée, qu'il y a maintenant un tunnel sous la Manche dans lequel peuvent s'engouffrer de violents courants d'air.

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