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Tout euro, tout éco. Russie et Europe : le gaz plus que jamais une arme géostratégique

Tandis qu’Emmanuel Macron et Angela Merkel donnent l’impression de vouloir relancer le moteur franco-allemand et la construction européenne, la question de l’indépendance énergétique de l’Europe, notamment vis-à-vis du gaz, est toujours un problème et repose encore dans les mains de Poutine et même d’Ergogan avec le début de la construction du gazoduc Turkstream.

Article rédigé par franceinfo, Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Lubmin, Allemagne, départ du gazoduc Nordstream sous la Baltique (STEFAN SAUER / DPA)

Tandis que la France élisait son président dimanche dernier, la Russie annonçait le début des travaux du gazoduc Turkstream. Alexeï Miller, le PDG de Gazprom, dans un communiqué, a  assuré que les consommateurs turcs et européens auraient d’ici 2019 une route sure pour l’importation du gaz russe. Les travaux ont donc commencé près des côtes russes de la mer noire. Il s’agit de construire deux conduites capables de transporter près de 16 milliards de m3 chacune chaque année. Le gazoduc passera donc sur la Mer Noire pour atteindre la Turquie, pays de transit avant de livre le gaz aux Européens. Oublié donc l’avion russe abattu en 2015 à la frontière turco-syrienne, la construction de ce gazoduc scelle un rapprochement de circonstance.

Deux projets concurrents abandonnés

L'Europe avait décidé de construire Nabucco qui devait transporter le gaz azerbadjanais et turkmène vers l’Europe en passant par la Turquie avec une arrivée en Bulgarie, direction l’Autriche. Mais sans passer sous la Mer Noire. Comme tous les autres projets y compris Turkstream, il évitait l’Ukraine. Il s’agissait aussi pour Nabucco, porté par les compagnies d’Europe centrale, de diversifier l’origine du gaz, mais le gaz s’est fait rare. Il s’agissait aussi de concurrencer le gazoduc South stream, projet russe concurrent sous la Mer Noire, déjà, et porté par Gazprom. La crise ukrainienne est passée par là. Les deux projets ont été abandonnés, l’un parce que sans maîtrise de la quantité de gaz livrée, l’autre bloqué par l’union européenne après la crise ukrainienne et finalement abandonné par Moscou. Le gaz comme arme géostratégique, c’est plus que jamais une réalité.

Les calculs de Gazprom et de Moscou

Tous deux sont conscients de l’affaiblissement des ressources en Europe du nord et espèrent bien dépasser leur record. Gazprom fournit déjà plus de 33 % du gaz consommé en Europe et pour ce qui concerne les anciens pays du bloc soviétique, la proportion atteint 80 à 100 %. C’est donc un moyen de pression évident. Gazprom, en ne passant pas par l’Ukraine, peu livrer du gaz moins cher comme c’est déjà le cas avec le gazoduc Nordstream sous la Baltique. Moscou veut aussi remplacer l’Ukraine par la Turquie comme pays de transit. Mais le Kremlin, qui dépend aussi de la vente de son gaz,  y voit aussi une occasion de voir confortées par une alliance avec la Turquie ses positions géostratégiques comme en Syrie et de réaffirmer sa puissance aux portes de l’Europe.

 

 

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