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Tout euro, tout éco. Liste noire des paradis fiscaux, une timide avancée

L’Europe aura mis deux ans à y parvenir mais elle a enfin dressé cette semaine sa liste noire des paradis fiscaux. 

Article rédigé par franceinfo, Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Satire de l'ONG OXFAM à Bruxelles le 5 décembre lors de la réunion des pays européens sur la liste noire des paradis fiscaux. (EMMANUEL DUNAND / AFP)

Une liste noire des paradis fiscaux a donc été rendue publique cette semaine

Très attendue, elle est déjà considérée comme trop clémente par l’ONG Oxfam. Pourtant, même imparfaite, cette liste est quand même une avancée. Cette liste est une première. On l’attend depuis deux ans. Mais depuis les "Panama Papers", le Luxleaxs, et les "Paradise Papers", l’Europe a changé de braquet en demandant des comptes sur la transparence et la fiscalité à 92 pays dans le monde sur les 197 que reconnaissent les Nations Unies.

La liste comporte 17 noms, elle est loin d’être suffisante, elle compte surtout de petits territoires comme Trinidad et Tobago ou les îles Marshall, mais aussi des pays comme la Tunisie, les Emirats, Bahreïn et Panama qui la contestent. 47 autres noms, qui sont en passe de se mettre en règle, figurent sur une liste grise comme la Suisse, le Lichtenstein et Andorre ou les îles anglo-normandes de Jersey et Guernesey. Ces pays ont jusqu’à la fin de l’année prochaine pour se mettre en règle.        

Contestée par OXFAM

L’ONG conseille même à l’Europe de balayer devant sa porte car aucun pays européen, censé se conformer aux règles, ne figure sur cette liste. Pourtant l’Irlande, Malte, les Pays-Bas ou encore le Luxembourg ont été au coeur des derniers scandales, mais on imagine bien qu’un vote à l’unanimité, donc très contraignant, n’aurait jamais abouti si ces pays de l’Union avaient été concernés par la liste. Pourtant, la fraude fiscale nous coûte cher, 350 milliards par an dans le monde, 120 milliards à l’Europe, 20 milliards à la France et c’est sans parler de l’optimisation fiscale légale comme celle que pratiquent les GAFA, c’est-à-dire Google, Amazone, Facebook ou Apple et autre grandes entreprises, et qui pourrait aussi cacher une part de blanchiment.              

Une liste mais pas de sanctions

L’Europe a promis par la voix de Pierre Moscovici, le commissaire européen, de geler les fonds européens, une menace qui n’impressionne guère ces entités prospères. L’échange automatique d’information, c’est-à-dire le fait de communiquer automatiquement au fisc les comptes détenus à l’étranger par toute personne physique ou morale, permet au moins de savoir où est l’argent à condition que les pays coopèrent.

On parle aussi d’une assiette fiscale commune aux grands groupes en Europe, au-delà d’un certain seuil de bénéfices. Mais le problème ne peut se traiter qu’à l’échelle mondiale. L’OCDE et même Emmanuel Macron parlent de réformer la fiscalité et de l’appuyer sur le chiffre d’affaire. Bref, on en n’est qu’au début. Mais cette liste noire n’est pas qu’une arme économique, c’est aussi une arme politique, car de nombreux pays n’ont aucune envie de figurer sur la liste de ces pays voyous.      

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