Cet article date de plus de dix ans.

Peut-on parler politique avec les enfants?

Après les Municipales et avant les Européennes, "Savoir Etre" aborde cette semaine la question des enfants face à la politique et aux élections.
Article rédigé par Claude Halmos
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
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Alors que nous venons de vivre une
période intense d'actualité politique, et ce n'est pas fini, avec les
Européennes le mois prochain, plusieurs d'entre vous nous ont questionnés.
Peut-on, avant l'adolescence, discuter des élections avec les enfants, voire
leur dire pour qui on vote?

La réponse de la psychanalyste Claude Halmos

"La difficulté qu'ont les parents à parler de politique à leurs enfants tient à deux choses, d'abord elle tient au statut de l'enfant dans notre société, on considère toujours les enfants quoiqu'on en dise, comme des êtres qui ne seraient pas capables de comprendre vraiment ce qu'on leur explique. Donc on ne leur parle pas de la vie réelle, et ça donne ce résultat absurde qu'ils se promènent dans une ville qui est couverte d'affiches, qu'ils entendent à la radio et à la télévision parler d'élections, qu'ils vont dans des écoles qui serviront de bureaux de vote, et qui ne sont informés de rien ! Comme si on leur disait, 'la vraie vie, c'est pour quand
tu seras grand', ce qui est encore une fois absurde. La deuxième raison tient à
la peur imaginaire du voisin, c'est-à-dire à la peur que l'enfant répète ce qu'on
lui a dit et que les opinions politiques des parents deviennent publiques,
comme si elles constituaient des sortes de secrets honteux"... 

Il faut dire ou ne pas dire aux enfants pour qui on vote ?

"On peut considérer que c'est une affaire privée, explique
Claude Halmos, c'est le secret de l'isoloir, mais qu'on dise ou non pour qui on
vote, je crois qu'il est important de parler aux enfants de ce vote, pour qu'ils
comprennent bien qu'on vote pour des idées, des choix de vie, et pas seulement
parce que on trouve que tel ou tel a une bonne tête. Ça apprend à l'enfant à
développer son esprit critique, à comprendre qu'il ne faut pas se laisser
éblouir par les beaux discours mais au contraire à aller voir sérieusement ce
qu'il y a derrière. Ça peut lui éviter plus tard de se faire embarquer par n'importe
qui ou de se faire embrigader dans n'importe quoi comme ces adolescents qui par
le biais d'internet ont été incités récemment à partir faire la guerre en Syrie
par exemple."

"Parler de politique aux enfants, c'est leur donner une
véritable leçon d'instruction civique et même d'humanité, ça permet de
réfléchir avec eux à ce que sont la richesse, le pouvoir, à ce qui est juste et à
ce qui ne l'est pas, ça participe de la formation des citoyens qu'ils doivent
devenir, et cette formation fait aussi partie du devoir d'éducation des parents
."

Les dernières parutions (sélection de Bruno Denaes):

*Le couple face à l'arrivée de l'enfant, Bernard Geberowicz et Colette Barroux-Chabanol (Ed. Albin Michel). Cet ouvrage propose aux jeunes parents de déjouer les pièges et les risques que comporte la naissance d'un enfant. Il donne les clés pour construire une toute nouvelle famille sur des bases positives.

* L'estime de soi, c'est malin , Amélia Lobbé (EditionsLeduc). Un
petit guide pour s'autoriser à porter un regard positif sur soi-même, essentiel
pour avoir de bonnes relations avec ses proches et savoir se dépasser dans sa
vie quotidienne ou professionnelle...

* 100% rumeurs , Véronique Campion-Vincent et
Jean-Bruno Renard (Ed. Payot). Pourquoi aimons-nous tellement croire à de
fausses informations ? Cet ouvrage décortique et interprète 50 fausses
allégations, croyances, rumeurs, anecdotes, etc. Passionnant.

* Duras, Beauvoir, Colette. Trois filles
et leurs mères
, Sophie
Carquain (Ed. Charleston). Dans ces biographies romancées, l'auteure raconte le
destin de ces trois femmes qui, en définitive, ont pris la plume pour se
distancier de leur mère.

  • Un jour, mon prince... Philippe Brenot (Ed. Les Arènes). Ce psychiatre propose un "mode d'emploi" pour rencontrer l'âme soeur et  faire durer l'amour. Mais ce fantasme du partenaire idéal est-il souhaitable?

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