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Un journaliste occidental en Chine

Être reporter dans la Chine qui vient de se libérer des restrictions sanitaires liées à la crise Covid. Eric Valmir s’entretient aujourd’hui avec Sébastien Berriot, correspondant permanent de Radio France à Pékin.
Article rédigé par franceinfo - Eric Valmir
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Manifestation contre la politique zéro Covid en Chine, à Pékin, le 27 novembre 2022. (SEBASTIEN BERRIOT / RADIO FRANCE)

Sébastien Berriot est le correspondant de Radio France à Pékin. Jusqu’à la levée des restrictions sanitaires, il concédait vivre dans un autre monde. Où le moindre mouvement était lié à un test PCR, et des formalités administratives draconiennes dans chaque geste du quotidien. Aujourd’hui, tout est plus relâché, jusqu’à la parole, qui se libère depuis les manifestations de novembre, et l’exercice de la profession reporter qui reste possible.

C’était il y a tout juste un an, à la même époque. Les Jeux Olympiques d’hiver de Pékin approchaient, avec une bulle sanitaire des plus rigoureuses. Où aller d’une zone à l’autre relevait de l’exploit. Dans un texte intitulé "Confinés ou virés", le club des correspondants étrangers de Chine s’inquiétait de ses conditions de travail. Vu de l’Occident, on avait le sentiment d’une société muselée, où pratiquer le métier de journaliste était impossible. Des correspondants occidentaux se sont d’ailleurs installés à Séoul, à cette époque.

Autre époque, autre image

Des manifestations dans la rue contre les restrictions sanitaires, c’était en novembre dernier. Des Chinois argumentent leur colère devant micros et caméras, à visage découvert, et dans la rue. Les journalistes n’en reviennent pas. Plus récemment encore, Sébastien Berriot entre dans le plus grand hôpital public de Pékin, totalement désorganisé par le nombre importants de patients Covid qui saturent les services, des gens attendent dans les couloirs, il n’y a plus assez de perfusions et des médecins sont frappés par le virus.

Et il y a des morts. Et les gens parlent, les patients, les personnels soignants, les familles endeuillées. Le micro ne fait plus peur, et les morts ne sont même plus un sujet tabou, puisque quelques jours plus tard, le gouvernement chinois reconnaît le nombre important de décès. Dans cet hôpital, on en viendrait presque à critiquer le régime pour avoir levé trop rapidement les restrictions sanitaires, alors que deux mois plus tôt, c’était l’exact contraire que portaient les revendications dans les cortèges. 

Des patients, pour la plupart âgés, avec des symptômes du Covid, submergent le hall du Changhai Hospital à Shanghai en Chine, Le 3 janvier 2023. (RAY YOUNG / MAXPPP)

 Les Chinois n’ont pas compris ce grand écart, du rien au tout

Du zéro Covid, le plan à la levée de toutes les barrières, jusqu’à voyager à l’étranger, alors que faire ses courses était un parcours du combattant. Alors, oui bien sûr, il y a les morts, mais le sentiment dominant reste la joie de retrouver la vie d’avant. Mais il y a donc plus surprenant. Si l’on revient à la scène de l’hôpital, cette pagaille publique, où tout le monde parle, sans pudeur pour sa douleur, et critique vertement gouvernement et autorités, on ne peut pas parler d’une scène familière en Chine. Bien au contraire. Et à ce stade, il n’y a pas d’explication.

Quand on demande à Sébastien Berriot quelles sont ses conditions de travail, il répond qu’elles ne sont pas simples, mais qu’au fond, il n’est pas été empêché de travailler, de raconter, de relater, énoncer ce qui ne va pas. Cela prend plus de temps, car il faut souvent des autorisations. En reportage, il est déconseillé, (en dehors de manifestations) de brandir son micro en pleine rue pour faire des interviews, la discrétion reste de mise. Mais au fond,  quelle que soit l’énergie et le temps consacré à produire, l’essentiel est préservé : livrer une information fiable, quitte à déplaire.

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