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Caroline Hayek : Prix Albert-Londres 2021

C'est une journaliste franco-libanaise qui a reçu cette année le prestigieux Albert-Londres. La récompense d'un travail sur la crise politique et économique que traverse le Liban, mais aussi des articles d'humanité où la justesse de ton l'emporte sur l'émotion facile. Caroline Hayek est une signature du quotidien "L'Orient-Le Jour". 

Article rédigé par franceinfo - Eric Valmir
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
ALBERT LONDRES AWARD, 15 novembre 2021. Présentation à Paris du Prix Albert-Londres 2021 à la BNF, remporté par la journaliste franco-libanaise Caroline Hayek. Elle dédie son prix à tous les Libanais et aux Syriens qui souffrent. (BENJAMIN GEMINEL / HANS LUCAS)

Caroline Hayek du quotidien francophone libanais L'Orient-Le Jour, a reçu cette année le prestigieux Prix Albert-LondresLa distinction honore la journaliste mais aussi de manière indirecte toute la rédaction qui se bat chaque jour pour l'indépendance de son journal. 

Promenade dans un Beyrouth en déliquescence à lire ici. Et d'autres feuillets à tourner pour découvrir Les premiers jours du reste de leur vie, cet article qui raconte le sort des Syriens qui ont fui la guerre, et qui sont venus mourir dans l'explosion du port de Beyrouth :

"Qui se souviendra de ces vies fauchées ? Ils pensaient avoir échappé au pire en fuyant la guerre dans leur pays, parfois dans des conditions invraisemblables."

Caroline Hayek

à franceinfo

"Ça y est, Beyrouth n'existe plus" 

Ces articles, ces enquêtes, ces thématiques ont interpellé le jury qui relève "des titres évocateurs, - Ça y est, Beyrouth n'existe plus - qui emmènent le lecteur au bout de l'humanité." Mais de cette humanité qui fait sens, pas cette émotion facile qui vise à attendrir.

ALBERT LONDRES AWARD, 15 novembre 2021. Présentation à Paris du Prix Albert-Londres 2021 à la BNF, remporté par la journaliste franco-libanaise Caroline Hayek.  (BENJAMIN GEMINEL / HANS LUCAS)

La force des articles de Caroline Hayek, c'est la précision chirurgicale

Cette précision chirurgicale qu'on attribue souvent aux tirs de drones et missiles, Caroline Hayek l'utilise aussi pour décrire les ravages d'une guerre, d'une crise, d'une explosion au coeur de l'été sur les corps, sur les vies, sur les relations humaines, sur la capacité à espérer, à entrevoir des lendemains meilleurs, coûte que coûte. 

Caroline a travaillé pendant six ans sur le conflit syrien. Il était aussi logique qu'humain qu'elle soit affectée par la mort de ceux qui avaient fui les bombes et les tortures pour périr dans une explosion à Beyrouth. Quelle injustice !

"Dire qu'après tout ce qu’ils avaient vécu, ils pensaient se retrouver en sécurité ici. C’est important de donner la parole à ces réfugiés. De plus en plus de Libanais disent qu'il faudrait qu’ils rentrent chez eux, que la guerre en Syrie est finie. Le pire c’est que les réfugiés syriens aimeraient partir mais ils veulent repartir dans de bonnes conditions." 

ALBERT LONDRES AWARD, 15 novembre 2021. Présentation à Paris du Prix Albert-Londres 2021 à la BNF, remporté par la journaliste franco-libanaise Caroline Hayek.  (BENJAMIN GEMINEL / HANS LUCAS)

Sur la scène de la BNF, le 15 novembre dernier, Caroline Hayek dédie son prix aux Libanais et aux Syriens qui souffrent. D'une voix au souffle raccourci par la joie de la reconnaissance, la reporter explique pourquoi ce prix est aussi important pour elle, que pour l'ensemble de la rédaction qui se bat pour l'indépendance de son journal et de l'information qu'elle délivre.

Plus tard sur les réseaux sociaux et dans les interviews qu'il donnera, Michel Helou le directeur exécutif de L'Orient-Le Jour ne dira pas autre chose :

"Longtemps considérée comme la plus riche et la plus libre du Moyen-Orient, la presse libanaise est aujourd'hui faite de désolation. Avec ce prix, nous montrons qu'il est encore possible de faire du journalisme de qualité au Liban et dans la région."

Michel Helou, directeur exécutif de 'L'Orient-Le Jour'

Bravo L'Orient-Le Jour. Bravo Caroline Hayek. En ces temps troublés, et qui plus est, depuis un pays en crise, le prix salue la force journalistique d'une écriture et du reportage de terrain.

"Remettre L'Albert-Londres à un journal libanais, c'est consacrer l'universalité de la langue française qui pour nous est aussi une langue libanaise."  Michel Helou

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