La mer d'Aral, ce lac salé, à cheval entre l’Ouzbékistan et le Kazakhstan, jadis aussi grand que l'Irlande, a perdu 75% en l'espace de 50 ans. Mais grâce à une opération de sauvetage, l'eau revient côté kazakh.Depuis 1960, elle n’avait cessé de rétrécirC’est l’histoire d’une des plus grandes catastrophes environnementales du XXe siècle. Dans les années 1960, l'Union Soviétique a décidé de transformer les républiques soviétiques d’Asie centrale en champs de coton, ce qui exigeait un arrosage intensif : les pays concernés puisèrent l'eau dans l'Amou- Daria et le Syr-Daria, les principaux affluents de la mer d'Aral. Résultat, en l’espace d’un demi-siècle, 75% de la superficie de la mer d'Aral s’est transformé en désert. Des carcasses de navires s'étiolent là où l'eau n'est pas encore revenue. (DIDIER BIZET/ GEO) Dans le magazine Géo, le photographe Didier Bizet raconte son voyage à travers la steppe, l’arrivée à Aralsk, une ville de 30 000 habitants, au décor de film catastrophe, où le port est à sec, et le sol couvert d’une poussière de sel. Le rivage se situe à 15 kilomètres de la ville : vision surréaliste de carcasses de bateaux échouésHistoire d'une renaissanceUne fois les soviétiques partis, l’Etat Kazakh a voulu réparer : en 2005, un barrage, la digue de béton de Kokaral fut construit entre la partie nord et la partie sud de la mer d’Aral. La Banque mondiale a permis de cofinancer les travaux, à hauteur de 65 millions d’euros. Résultat : l’eau est revenue, côté kazakh. Autour de la petite Aral, les villages renaissent et un avenir semble possible. " Dans le nord, le niveau de la mer est remonté de six mètres. En quatre ans, l'eau a regagné 30% de sa surface, soit plus de 10 milliards de mètres cubes. Et 15 espèces de poissons ont aussi fait leur retour. Carpes, brochets,perches...un avenir semble possible maintenant. (DIDIER BIZET / GEO) Le photographe Didier Bizet est allé à la rencontre des pêcheurs, 500 hommes en tout : la mer attire toute une nouvelle génération. "Ici, les pêcheurs capturent autant de poissons en un seul mois qu’en six, à Chimkent."Un bémol L’administration kazakh a fixé un quota de pêche annuel : un peu moins de 7 000 tonnes en 2018 mais ce n’est pas respecté ! Et "les filets synthétiques chinois tuent les jeunes poissons".Dans la partie sud, l’assèchement se poursuit : l’Ouzbékistan, sixième exportateur mondial de coton, a d’autres priorités. La mer d’Aral a perdu 70% de sa superficie.