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Nouveau monde. Neutralité du net : vers un internet à plusieurs vitesses ?

Les Etats-Unis enterrent jeudi le principe de neutralité d’internet. Un vrai tremblement de terre. 

Article rédigé par franceinfo, Jérôme Colombain
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Manifestation pour le maintien de la neutralité du Net devant le Federal Communications Commission à Washington (USA), le 13 décembre 2013. (ALEX EDELMAN / AFP)

A travers un vote de la FCC, les Etats-Unis enterrent jeudi 14 décembre le principe de neutralité d’internet. Un vrai petit tremblement de terre. Quelles conséquences ?

La neutralité du net, qu’est-ce que c’est ?

Le principe de neutralité du net est le fait de considérer qu’Internet est "neutre" par rapport aux données qu’il transporte, c'est-à-dire que lorsqu’on s’abonne à un fournisseur d’accès on peut en principe utiliser n’importe quel service (email, sites web, vidéos YouTube, etc.) sans tarification spéciale pour chaque service.

Pourquoi la neutralité est-elle menacée ?

La FCC (Federal Communications Commission), le gendarme américain des télécommunications, doit voter jeudi 14 décembre l’adoption de nouvelles règles afin de déréguler le secteur. Les opérateurs pourront facturer différemment leurs clients et faire payer plus cher les services qui consomment plus de débit.

Concrètement, ça pourrait changer quoi ?

Les internautes américains pourraient voir fleurir des offres commerciales d’un nouveau genre, ressemblant aux bouquets de télévision payante. Par exemple : un abonnement de base puis des surcoûts par  "bouquets" de services (5$ pour Wikipedia et YouTube, 5$ de plus pour les sites de média, etc.). Des services comme Netflix, qui font transiter beaucoup de données, pourraient se voir facturer plus cher la bande passante par les opérateurs et répercuter cette hausse sur les tarifs des abonnés. Bref, une vraie évolution par rapport à la philosophie initiale d’Internet qui date des années 70.

Quelles sont les réactions ?

Aux Etats-Unis, des personnalités ont lancé un appel solennel contre cette décision. C’est le cas de Steve Wozniak (co-fondateur d’Apple), Vinton Cerf (inventeur du protocole Internet), Tim Berners Lee (créateur du web). Dans certaines villes américaines, il y a même eu des rassemblements devant les magasins des opérateurs. En France, le président de l’ARCEP, le gendarme des télécoms, est lui aussi monté au créneau pour défendre la neutralité du net.

La France concernée ?

Officiellement, la décision américaine ne concerne pas la France. Mais, en réalité, tout ce qui touche à Internet aux Etats-Unis risque d'avoir des conséquences en Europe. Il faut savoir que les opérateurs veulent depuis longtemps remettre en question la neutralité du net. Stéphane Richard, le PDG d’Orange, l’a redit il y a quelques jours sur BFM Business, brisant une sorte de tabou. Pour lui, il va falloir créer  "plusieurs Internets" pour les applications futures comme la télémédecine, la voiture autonome ou la ville intelligente. En réalité, la neutralité du net prend l’eau depuis des années. Cette fois, c’est vraiment une digue qui risque de céder et cela pourrait changer pas mal de choses.  

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