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Micro européen. Elections européennes, les Britanniques aussi ?

Tout changer, pour que rien ne change. (Giuseppe Tomasi di Lampedusa)

Article rédigé par franceinfo - Jose-Manuel Lamarque
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Des drapeaux européens et du Royaume-Uni, le 25 mars 2019 à Londres. (DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP)

A partir du 23 mai prochain, les Britanniques pourraient voter aux élections européennes, à la condition qu’à la Chambre des Communes aucun accord ne débouche concernant le Brexit, donc direction les urnes, peut-être. 73 euro-députés seraient alors élus, qui participeraient à la désignation du Président du, de la, Présidente du Parlement européen et du, de la Présidente de la Commission européenne.

Puis au 31 octobre prochain, le Royaume Uni quitterait l’UE, les députés britanniques feraient leurs valises. Oui mais, quel serait alors ce Brexit puisque nous ne connaissons pas, et pour cause, ni qui sera à la tête de la Commission européenne, ainsi que les membres de cette commission, qui devront négocier le Brexit du supposé 31 octobre prochain.

À vrai dire, vu la complexité des choses, et sachant qu’un vrai pudding de Noël doit toujours se préparer deux mois avant le réveillon, il vaudrait mieux se mettre au pudding maintenant et oublier ce qui pourrait advenir dès la fin du mois de mai pour la Grande-Bretagne. Parce que, c’est bien connu, en mai, "fais ce qu’il te plaît…".

Baffling problem, "casse-tête" en anglais

 Arrivé à la date d’aujourd’hui, même les Européens continentaux ayant un certain faible pour le fameux "british way of life" en perdent le goût du thé et celui des petits pâtés chauds au poulet. Car vraiment, rien ne va plus chez Britannia !

Si en 1066 Guillaume, Duc de Normandie, avait défait le roi des Engles, Harold à la bataille d’Hastings, la chose était entendue ; sauf le départ précipité des corbeaux de la Tour de Londres, tout allait pour le mieux en Grande-Bretagne, malgré les guerres, le feu, les famines, les épidémies et le rockn’roll. Mais cette fois-ci, 1953 ans après Hastings, rien ne va plus outre-Manche.

Le smog londonien, c’est-à-dire fumée et brouillard, s’est invité dans la campagne pour les européennes. À savoir tout de même que vendredi 3 mai dernier, les travaillistes et les conservateurs ont pris une raclée électorale aux élections municipales par les écologistes et les libéraux-démocrates. À savoir que les pro-Brexit n’avaient présenté aucune liste.

Les dindes voteront pour Noël !

Humour très british quand il s’agit d’un sujet désespéré, ou alimenté par la démence, "les dindes voteront pour Noël". C’est bien ce cocktail de "Brexit-élections-européennes-ou-pas-pour l’ensemble"  qui met les dindes à l’honneur, fait douter les Britanniques, qui ne savent plus à quel pub se rendre sans entendre parler du Brexit. Maintenant des élections européennes, et pourquoi pas demain du, bœuf à la menthe en sushi...

Aujourd’hui, tout est possible au Royaume non pas d’Hamlet mais de Shakespeare. Sachant que la célèbre course d’avirons Oxford contre Cambridge est un événement, à la venue des beaux jours, face à l’échéance de "possibles" élections européennes, les partis "travailliste et conservateur" rament pour remonter le courant, car une campagne pour l’échéance de fin mai ne leur avait point effleuré l’esprit.

Face à eux, deux partis tout neufs, ou presque, le Brexit Party de Nigel Farage, ex-dirigeant de Ukip, qui avait mené à la victoire du référendum pour le Brexit et Change-UK, dirigé par la charmante astrophysicienne Heiddi Allen, ancienne membre du parti conservateur, qui, comme certains conservateurs et beaucoup de travaillistes, ont créé ce parti en février dernier, tout comme Brexit Party, créé lui aussi il y a deux mois.

Pour l’instant, et d’après les propos de notre invité Jon Henley, correspondant à Paris du quotidien The Guardian, Brexit Party caracole en tête dans les sondages. D’autres partis se présentent aussi aux supposées élections européennes, mais face aux deux mastodontes vieillissants qui ont tant déçu d’une manière ou d’une autre leurs électeurs, et qui se font toujours face à la Chambre des Communes comme au rugby, travaillistes face aux conservateurs et vice-versa, la campagne mobilisera sûrement l’attention entre Brexit Party et Change-UK…

Pour qui sonne Big Ben ?

En somme, et pour être aussi limpide qu’un plat écossais de panse de brebis farcie, les prochaines semaines verront s’affronter le terrible Nigel Farage qui hante les nuits de sommeil de Jean-Claude Juncker, et dont comparer à Farage James Bond, apparaîtrait comme un bobby faisant la circulation sur Swiss Cottage, contre la gracieuse Heiddi Allen.

Mais la grâce n’a pas toujours l’heur de plaire aux indécis. Il reste bien les Grecs, qui réclament toujours et encore que le British Museum leur rende les frises de marbre du Parthénon. Quant à la Reine Elisabeth II, rien ne lui aura été vraiment épargné durant son règne, et sur ce point tout le monde sera d'accord.

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