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"Avers. Des nouvelles des indésirables" de J.M.G. Le Clézio

J.M.G. Le Clézio, Prix Nobel de littérature, nous offre des contes contemporains d'une merveilleuse humanité.
Article rédigé par franceinfo - Cécile Ribault Caillol
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
"Avers. Des nouvelles des indésirables", J.M.G. Le Clézio (GALLIMARD)

Avers. Des nouvelles des indésirables de J.M.G. Le Clézio. Collection Blanche des éditions Gallimard.

LIVRES ET JEUNESSE - Écoutez l'intégralité de l'entretien avec J.M.G. Le Clézio

L'Avers est la face principale d'une pièce, la face noble, celle sur laquelle on peut voir un portrait. Et dans les huit nouvelles de ce recueil de J.M.G. Le Clézio, Prix Nobel de littérature, que ce soit en Amérique Latine, au Liban, à Paris ou à l'Ile Maurice, ces visages, mis en lumière par Jean-Marie Gustave Le Clézio, sont ceux des malmenés par la vie. Dans ces histoires, celles d’enfants, enfants des rues, enfants maltraités, enfants esclaves, enfants victimes de la guerre… Comme si Jean-Marie Gustave Le Clézio voulait précisément les mettre en lumière :

"Oui, en fait, c'est un peu mon obsession. Je me suis longtemps demandé qui j'étais, et tout ce qui a trait à mon identité provient de mon enfance, et en particulier de mon enfance pendant la guerre. Donc, j'ai une obsession pour l'enfance, parce que je crois que nous sommes les enfants de ce que nous avons été, quand nous étions enfants."

J.M.G. Le Clézio

à franceinfo

Dans ces existences abîmées, chaotiques, malheureuses, la noblesse de chacun de ces "indésirables" est leur courage, leur force de vie. Un souffle de beauté, un moment de grâce peut arriver à n’importe quel instant, encore faut-il y prêter attention.

Cela peut-être un regard échangé avec des enfants abandonnés, des rats des rues comme on les appelle au Mexique ; une rencontre avec ce clochard surnommé Renault, ancien DRH dans l'automobile ; la beauté d’une voix. À commencer par celle de Maureez Samson, qui s'échappe de l'enfer familial incestueux, et prend conscience de la pureté de son chant. 

Dans ces huit nouvelles, une voix s’élève plus que l’autre. Il y a la voix de Yaya, et le refrain que lui a chanté son grand-père, et qui remonte au temps de l'esclavage. C'est sans doute elle d'ailleurs la grande héroïne de ce livre, placée au milieu du recueil. L'auteur rend ici un hommage éternel à la nourrice mauricienne. Jean-Marie Gustave Le Clézio évoque aussi un autre refrain important pour lui, Wade in the water (dont l'extrait dans le podcast est interprété par The Harlem Gospel Singers & Band) :

"Peut-être la chanson de Harriet Tubman, qui était une esclave libérée, et à l'époque où il y avait encore des plantations dans le sud des États-Unis, elle allait chercher les gens, principalement des femmes et des enfants, qui s'échappaient des plantations, les faisaient traverser les marécages, et elle avait composé pour eux cette chanson merveilleuse, ce negro spiritual dont les paroles sont : 'Wade in the water children, enfants, pataugez dans l'eau, ne marchez pas sur la terre parce que les chiens nous suivent, et les chiens perdront nos traces si nous passons par l'eau.' Ce chant merveilleux de la liberté."

J.M.G. Le Clézio

à franceinfo

Jean- Marie Gustave Le Clézio le dit, ce sont les "indésirables" qui l'intéressent, non pas par pitié, mais parce qu’il sent qu'une partie de lui-même leur ressemble énormément. Alors il ne reste plus maintenant qu’à se laisser transpercer le cœur par ses contes contemporains d’une merveilleuse humanité !

Jean-Marie Gustave Le Clézio (Francesca Montovani - Editions GALLIMARD)


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KIBOOKIN (@SLPJ)

Belles lectures et bonne semaine à tous ! 

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