"La Bête" : la dystopie amoureuse de Bertrand Bonello

Les sorties cinéma de la semaine avec Thierry Fiorile et Matteu Maestracci : "La Bête" de Bertrand Bonello et "Daaaaaali !" de Quentin Dupieux.
Article rédigé par Thierry Fiorile, Matteu Maestracci
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7 min
Léa Seydoux et George MacKay dans "La Bête" de Bertrand Bonello. (CAROLE BETHUEL)

Dans La Bête de Bertrand Bonello, Gabrielle est une jeune femme qui postule dans l'administration française en 2044, mais qui pour être prise, devra se débarrasser de tout affect, de ses émotions et aussi des traumas de ses vies antérieures : telle est la vie que nous promet l'intelligence artificielle. 

On la retrouvera ainsi dans le Paris de 1910, juste avant la crue de la Seine, mais également dans le Los Angeles des années 2010, dans la peau d'une aspirante comédienne. Bertrand Bonello qui adapte ici une nouvelle d'Henry James, nous embarque à nouveau dans un de ses films conceptuels, mais sans jamais nous perdre.

La Bête raconte beaucoup de choses, mais surtout un amour contrarié, et le danger d'une masculinité parfois toxique, le tout dans un monde censé exister dans 20 ans, où l'intelligence artificielle domine nos vies, et qui paraît déjà très actuel.

Daaaaaali ! de Quentin Dupieux

Inarrêtable Quentin Dupieux, au moins un film par an, 1h18 cette fois-ci, c'est presque long pour cet ennemi du superflu. Daaaaali !, avec six fois la lettre 'a' comme autant d'acteurs pour incarner le génie catalan.

Évidemment c'est tout sauf un biopic – parenthèse, qu'on en finisse avec ces biopics de peintres célèbres, c'est sans intérêt. C'est le Dali personnage public qui intéresse Dupieux, celui qui dès les années 60 avait parfaitement compris l'importance de la télévision et de la publicité, poursuivi ici par une journaliste amateur, Anaïs Demoustier qui désespère de boucler une interview avec l'artiste.

Le film adhère à la folie onirique de Dali, un curé qui raconte "x" fois son rêve avec Dali, une pluie de chiens, une fin à tiroirs, c'est très virtuose, comme cette scène tournée à l'envers, et diffusée à l'endroit. Avec autant de Dali, il y a forcément match, et c'est le seul défaut du film : Jonathan Cohen et Edouard Baer distancent de loin Pio Marmaï et Gilles Lelouche, mais ils ont été en grande partie écartés au montage.

Comme toujours avec Quentin Dupieux, il y a de l'absurde, mais pas seulement, les deux Dali vieux évoquent la vanité de l'artiste, sa finitude, c'est drôle, poétique et touchant.

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