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"Seuls 19 réfugiés ont été relocalisés en France depuis le mois de septembre"

Le directeur général de France Terre d'asile, Pierre Henry, a regretté le trop faible nombre de réfugiés accueillis par la France dans le cadre du plan de relocalisation européen : "Seuls 19 ont rejoint notre pays". C'est vrai... dans le cadre de ce plan uniquement.
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (Pierre Henry dans les locaux de France Info le 28 décembre 2015.)

Près d’un million de réfugiés ont franchi la Méditerranée depuis le début de l’année pour rejoindre plusieurs pays européens, dont la France. Le directeur général de France Terre d’asile, Pierre Henry, a regretté, hier matin sur France Info, le faible nombre de réfugiés accueillis dans notre pays : “Aujourd’hui, nous sommes un peu plus de trois mois après le dernier sommet européen qui a décidé de la relocalisation de 160.000 réfugiés… Eh bien à ce jour, moins de 200 ont été répartis dans toute l’union, 19 en France... ”, a-t-il affirmé.

Les chiffres cités par Pierre Henry sont exacts que ce soit pour l’Union européenne ou pour la France. Depuis la tenue de ce sommet européen le 14 septembre dernier, seuls 19 réfugiés érythréens ont été relocalisés dans notre pays après être arrivés en Italie. L’Ofpra, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, qui dépend du ministère de l’Intérieur, leur a officiellement accordé le droit d’asile, nous a confirmé le directeur de cet organisme public.

Répartition équitable en Europe

Mais ça ne veut évidemment pas dire qu’il n’y a que 19 réfugiés arrivés en France cette année. Pierre Henry ne parle en effet que des réfugiés “relocalisés”. C’est à dire ceux qui s’inscrivent dans le “plan de relocalisation” décidé par l’Union européenne. Ce plan ne concerne que les demandeurs d’asile qui se déclarent comme tels en Italie ou en Grèce.

Il prévoit une répartition plus juste de 160.000 réfugiés syriens, irakiens ou érythréens dans les pays de l’UE. Et la France, elle, s’est engagée à prendre sa part. Elle doit en accueillir 30.700 dans les deux ans à venir simplement dans le cadre de ce plan. Engagement confirmé par une circulaire du ministère de l’Intérieur début novembre.

"Un effet d'optique"

Dix-neuf sur 30.700, c'est peu, certes, mais cela ne veut pas dire que la France n'en accueille pas par ailleurs. C'est la limite du raisonnement de Pierre Henry qui en invoquant ce chiffre laisse penser que la France ne respecte pas son engagement. En fait, ce faible nombre est "un effet d’optique ", nous a dit Pascal Brice, le directeur général de l’Ofpra. D’abord parce que le système est encore en rodage. Ensuite et surtout parce que beaucoup de réfugiés refusent ce plan de relocalisation.

Beaucoup d’entre eux préfèrent ainsi l’Allemagne à la France, car le pays est jugé plus attractif économiquement. L’Allemagne a enregistré près d’un million de demandes d’asile en un an. En France, c’est 80.000. Et sur ces 80.000, 25.000 ont été accordées, soit une augmentation de 30% par rapport à l’année dernière.

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