L'Europe n'a-t-elle vraiment plus de frontières ?
"L'Europe passoire". C'est une expression politique souvent entendue dans la bouche d'élus de droite ou d'extrême droite, expression utilisée pour dénoncer le fait que tout le monde pourrait entrer et sortir d'Europe sans aucun contrôle. Mais peut-on vraiment dire que l'Europe n'a plus de frontières ?
On ne peut pas dire que l'Europe n'a plus de frontières. D'abord, il faut bien distinguer deux choses : il y a les frontières intérieures de l'Europe et les frontières extérieures. L'un des principes fondamentaux de l'Europe est effectivement celui de la libre circulation des personnes entre pays membres de l'espace Schengen. En revanche, les frontières extérieures de l'Europe, elles, ont bien l'obligation d'être contrôlées. En tout cas, les États membres ont l'obligation de respecter le "Code frontières" de l'espace Schengen, c’est-à-dire contrôler et surveiller leurs frontières. L'Agence européenne de garde frontières et de gardes- côtes -plus connue sous le nom de Frontex- est d'ailleurs là pour les y aider. Elle fait de la veille sur la situation aux frontières et participe aussi à des opérations maritimes, aériennes et terrestres.
Les frontières intérieures peuvent être rétablies temporairement
D'après cette agence, en 2022 on comptait un peu plus de 330 000 franchissements irréguliers. Dans le même temps, 420 000 ressortissants de pays non-membres de l'UE avaient reçu l'ordre de quitter le territoire. Par ailleurs, les règles Schengen imposent que toute personne franchissant les frontières de l'UE doit faire l'objet d'une vérification systématique dans les bases de données de sécurité partagées, notamment le fichier SIS, fichier qui recense entre autres les personnes recherchées ou disparues.
En outre, des contrôles peuvent également bel et bien avoir lieu au sein de l'espace Schengen. Un État peut rétablir temporairement des contrôles à ses frontières en cas de menace grave pour l'ordre public ou en cas de risque sanitaire majeur. Cette disposition a d'ailleurs déjà utilisée à plusieurs reprises, notamment au moment du covid, de la crise migratoire en 2015 ou encore à la suite des attentats terroristes de Paris.
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