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Guerre en Ukraine : que pèse le gaz russe en Europe ?

Le ministre de l'Economie a pointé sur franceinfo la dépendance au gaz russe de l'Est de l'Europe. Sauf qu'il a oublié de préciser que l'Italie et l'Allemagne sont aussi très dépendants. 

Article rédigé par Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 84 min
Bruno Le Maire, le 1er mars 2022. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

La Russie est le deuxième pays producteur au monde de gaz et elle exporte plus de 40% de sa production vers l'Union européenne. Mais à en croire Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, mardi 1er mars sur franceinfo, les conséquences pour la France seraient plutôt faible comparées à certains pays européens. "Pour la France ce n'est pas une difficulté, nous dépendons à 20% du gaz russe, a-t-il dit. Pour un certain nombre de pays de l'Est qui dépendent à 100%, ça veut dire que du jour au lendemain, il n'y a plus de moyen de faire tourner leurs usines ou de chauffer leur population. C'est très compliqué."

Deux pays dépendants à 100%

Les propos de Bruno Le Maire sont quand même à nuancer. D'abord, le nombre de pays européens qui dépendent à 100% du gaz russe : il n'y en a pas tant que ça.
Deux seulement : la République tchèque et la Lettonie. On peut rajouter la Finlande, la Hongrie ou encore l'Estonie qui s'approvisionnent à plus de 90% en Russie. Sauf que derrière ces taux très élévés, la dépendance au gaz russe est à relativiser. 

Prenons par exemple la Finlande ou l'Estonie : ils importent, c'est vrai, majoritairement du gaz russe. Cependant, la consommation de cette énergie dans ces pays est assez faible. Le gaz représente moins de 10% de leur mix énergétique, loin derrière les énergies renouvelables, le nucléaire ou encore le pétrole. Pour la Lettonie ou la République tchèque, on est en dessous des 20%. 

Et pour les pays de l'Ouest de l'Europe ? Pour la France, Bruno Le Maire a raison. La dépendance est relativement faible, le gaz russe représente "seulement" 17% de nos importations. En revanche, la situation est plus délicate pour certains de nos voisins. L'Autriche, l'Allemagne et l'Italie importent beaucoup de gaz russe : près de la moitié de ce qu'ils consomment. Et surtout, ils peuvent plus difficilement s'en passer. Par exemple, le gaz represente plus de 40% du mix energétique italien, soit presque deux fois plus que la moyenne européenne. Rome est d'ailleurs ouvertement inquiète de la situation et envisage de rouvrir ses centrales à charbon pour faire face à une éventuelle pénurie de gaz. 

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