Présidentielle: comment calcule-t-on le temps de parole des candidats? Les élections risquent-elles de ne pas se passer comme prévu? Le Vrai du faux junior
Dans le Vrai du Faux Junior, les élèves s'interrogent notamment sur la façon dont est calculé et contrôlé le temps de parole des candidats dans les médias.
À l'approche du premier tour de la présidentielle, les questions des élèves qui participent au Vrai du Faux Junior tournent à nouveau massivement autour des enjeux de la campagne et du scrutin et notamment autour du temps de parole dont bénéficie chaque candidat à la radio et à la télévision.
Un temps de parole des candidats calculé et contrôlé différemment selon les périodes
"J’ai entendu dire qu’un organisme calculait le temps de parole de chaque candidat est-ce vrai ? " demande Valentin. "Quand commence-t-on à compter le temps de parole des candidats des élections et qui s’en occupe ?" ajoute Calyste.
La directrice de la rédaction de franceinfo Estelle Cognacq lui répond :
"Le temps de parole des candidats, explique-t-elle, démarre au 1er janvier, c'est le premier temps de la campagne". Ensuite, ajoute-t-elle, il y a trois temps: une première partie où c'est l'équité entre les candidats, sans distinguer les tranches horaires. "Cela veut dire que tous les candidats n'ont pas le même temps sur nos antennes, c'est en fonction de plusieurs critères. Tout d'abord, la représentativité au niveau du Parlement et des élus. Ensuite, il y a les résultats des élections précédentes et enfin, il y a la dynamique de campagne".
Estelle Cognacq ajoute que cette première phase amène jusqu'à la proclamation officielle des candidats. "Quand cette proclamation a lieu, poursuit-elle, il y a une deuxième phase où là, on a toujours l'équité, c'est à dire que ce n'est pas le même poids selon les candidats, mais cette fois par tranche: 6 heures - 9 heures: la matinale, notre prime time, puis 9 heures - 18 heures, 18 heures - minuit et minuit - 6 heures. Ça, c'est pendant trois semaines ".
Depuis le 28 mars, c'est le dernier temps de la campagne présidentielle avant le premier tour. "Là, explique celle qui supervise à franceinfo le décompte de ces temps de parole, c'est l'égalité. Les douze candidats ont exactement le même temps sur notre antenne. Une minute de l'un vaut une minute de tous les autres, et et ce par tranche. Une société comptabilise tout cela pour franceinfo et tous les jours, ce compteur est mis à jour.
Ces temps de parole sont ensuite remontés à l'ARCOM qui veille au bon respect de ces règles". L’ARCOM signifie Autorité publique française de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, c’est le successeur du CSA. L’une de ses missions est de garantir ce qu’on appelle le pluralisme dans les médias, c’est-à-dire le fait que les différentes tendances politiques soient bien représentées. Les relevés de temps de parole et d’antenne effectués par chaque média pour chaque candidat, on peut les retrouver en ligne sur le site de l’ARCOM.
Des rappels à l'ordre, voire des sanctions en cas de non-respect du temps de parole
" Quelles sont les conséquences si les médias ne respectent pas le temps de parole des candidats pour la présidentielle ? " demande Alexandre.
"Dans un premier temps, lui répond Estelle Cognacq, l'autorité de contrôle, donc l'ARCOM commence à nous dire attention, vous dérapez, vous ne faites pas ce qu'il faut". La directrice de la rédaction de franceinfo précise avoir eu des retours de l'ARCOM sur les deux premiers temps de contrôle. L'Autorité de régulation est, dit-elle, "revenue vers chaque média en disant attention, là, vous avez surexposé certains, vous avez sous-exposé d'autres. Donc ça, ce sont des premières indications, des premiers retours. Une fois qu'on nous a alertés une première fois, on peut recevoir une lettre de mise en garde". Si rien ne change, l'étape suivante est un courrier de mise en demeure, puis potentiellement des sanctions qui peuvent aller jusqu'à l'interdiction d'émettre pendant un certain temps ou jusqu'à des amendes qui peuvent être très lourdes. "C'est rarement le cas", poursuit-elle.
Des surprises toujours possibles lors des résultats
"Est-ce que c’est vrai que les élections risquent de ne pas se passer comme prévu ?" demande Lucie.
C'est cette fois Julie Marie-Leconte, journaliste au service politique de franceinfo, qui lui répond. "J'imagine, dit-elle, que tu parles de ce qu'annoncent les sondages. Oui, c'est vrai. Les électeurs peuvent se mobiliser plus ou moins que ce qu'anticipent les enquêtes d'opinion, ou voter autrement". La journaliste politique rappelle que c'est arrivé il y a 20 ans, le 21 avril 2002. "Il y avait, explique-t-elle aux élèves, un Premier ministre socialiste qui s'appelait Lionel Jospin. Tout le monde, même lui d'ailleurs, était convaincu qu'il serait au second tour. Finalement, il a été éliminé. Et les deux qui se sont qualifiés à l'époque, c'était Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen, le père de Marine Le Pen .
Ce qui peut jouer sur les résultats c'est aussi le fait qu’il y a beaucoup de personnes qui, ces derniers jours, n’avaient toujours pas décidé pour qui elles allaient voter, ou ne sont d'ailleurs pas encore sûrs de leur choix.
Une abstention des jeunes effectivement souvent élevée
"J’ai entendu dire que les jeunes votent de moins en moins. Est-ce que c’est vrai et pourquoi?" demande Calyste
"Oui, c'est vrai" lui répond Julie Marie-Leconte. "Si on regarde, par exemple, les dernières élections qui étaient les élections régionales, le taux d'abstention était très fort chez les jeunes: 87%. Ceci dit, ajoute-t-elle, traditionnellement, la Présidentielle mobilise plus tout le monde, y compris les jeunes. En 2017, ce ne sont pas les 18 - 24 ans, mais les 25 - 29 ans qui ont le moins voté à la présidentielle". La journaliste politique avance plusieurs facteurs d'explications: le décalage entre ce qui préoccupe les jeunes, les jeunes adultes et les candidats, le fait que les jeunes s'engagent davantage dans des mouvements de protestation, dans des mouvements citoyens, "avec sans doute le sentiment que ça leur donne plus de prise et plus de chances de changer les choses".
Il y a aussi, pointe-t-elle, "une revendication qui est assez forte et qui n'est toujours pas prise en compte chez les jeunes: c'est le vote blanc qui permettrait de dire qu'on n'est pas d'accord avec le choix proposé."
Julie Marie-Leconte avance enfin un dernier facteur d'explication: la mal-inscription. "Parce que, quand on a entre 18 et 24 ans, ou entre 25 et 29 ans, c'est le moment où on fait des études pour la première catégorie, ou le moment où on commence à travailler. Et souvent, les gens restent inscrits, par exemple là où ils habitaient, chez leurs parents ou là où ils faisaient leurs études, puis ils déménagent et puis ils oublient de se réinscrire. Ils restent inscrits ailleurs au moment où arrivent les élections et ils ne peuvent pas revenir là où ils sont inscrits". Ils finissent donc par être comptés comme abstentionnistes.
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