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Le rendez-vous de la médiatrice. Le traitement de l'affaire Michel Zecler sur l'antenne de franceinfo

 "L’affaire Michel Zecler" est au cœur des messages de nombreux auditeurs cette semaine. Emmanuelle Daviet, médiatrice des antennes de Radio France s'entretient avec Mattieu Mondoloni, directeur adjoint de la rédaction de franceinfo. 

Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Capture d'écran d'images de vidéosurveillance montrant le tabassage de Michel Zecler, le 21 novembre 2020, dans son studio à Paris. (MICHEL ZECLER / GS GROUP / AFP)

Les auditeurs ont écrit à la médiatrice des antennes de Radio France cette semaine au sujet du traitement de "l'affaire Michel Zecler", notamment sur la manière d'appeler la victime par son prénom, de la mention quasi systématique de sa profession et sur l’absence d’informations sur les jeunes présents dans le studio du producteur de musique. Matthieu Mondoloni, directeur adjoint de la rédaction de franceinfo est au micro d’Emmanuelle Daviet pour répondre aux questions des auditeurs.

"Je suis choquée d’entendre la victime de l’agression appelée seulement par son prénom, Michel. Ce monsieur n’est pas un enfant. Il a un nom et il a droit à un minimum de respect. N’infantilisons pas…", écrit notamment un auditeur.

Emmanuelle Daviet : Dans une telle affaire quelle est la ligne suivie ? Éviter de mentionner le nom de famille pour tenter de préserver l’identité de la victime ?  

Matthieu Mondoloni : Oui, tout à fait. Il s’agit d’abord de préserver l’identité de la victime, même si, dans l’affaire Michel Zecler, nous n’avons pas, nous, employé le seul prénom de la victime. Mais de façon générale, il y a différents temps dans l’information, et parfois, au démarrage d’une affaire comme celle-ci – et comme  dans bien d’autres – pour préserver effectivement l’anonymat, parce que la victime ne souhaite pas forcément être connue par son patronyme, ne souhaite pas être reconnue, ne souhaite pas communiquer, ou que des gens puissent remonter à son adresse, par exemple, ou à ses fonctions.

Nous sommes très prudents dans les différents temps de l’information, et on peut, au démarrage d’une affaire, ne donner, dans certains cas de faits divers, d’attaques terroristes, etc. que le prénom des victimes, et parfois même, des agresseurs ou des présumés coupables dans une affaire, c’est effectivement une manière d’anonymiser. Puis après, au fur et à mesure de l’avancée de l’affaire, on va pouvoir donner le patronyme. Par exemple, quand une plainte est déposée, quand l’avocat lui-même donne le nom de son client immédiatement, nous allons adjoindre le patronyme au prénom que nous avions donné auparavant.    

Voici deux autres messsages d'auditeurs : "Je ne comprends pas pourquoi systématiquement la profession de cette personne est précisée : 'le producteur de musique' tabassé…? J’aimerais savoir ce que cela apporte à la compréhension de cette affaire ? Est-ce à dire que selon la profession exercée, les journalistes relatent différemment leur sujet ?"

"Autant il peut être utile de préciser que la victime est noire, étant donné le possible caractère raciste de cette affaire, autant souligner sa profession n’a aucun intérêt. Préciser que Samuel Paty était enseignant et le père Hamel prêtre est indispensable pour comprendre leur assassinat, mais pourquoi systématiquement préciser la profession de Michel Zecler ?" 

Emmanuelle Daviet : Mentionner la profession de la victime apporte-t-il un éclairage particulier sur les faits ?  

Matthieu Mondoloni : Oui, exactement. Cela apporte un éclairage particulier sur les faits. Ça permet, là encore, et je rebondis sur ce qu’on disait pour la première question, de ne pas réduire une personne à son seul prénom ou à son seul patronyme. Là aussi, il s’agit d’expliquer que cette personne avait un métier et, en l’occurrence, c'est un élément d’information important que nous devions livrer à nos auditeurs, puisque les faits d’agression de la part de ces policiers, ces violences policières, ces accusations aussi d’actes racistes, de propos racistes tenus contre Michel Zecler, se sont déroulés dans son studio de travail. Si nous avions dit simplement un homme a été agressé par des policiers dans son studio, comment préciser qu’il s’agit d’un studio de musique ?

À partir du moment où on précise qu’il s’agit d’un studio de musique et pas d’un appartement, il faut dire pourquoi, dans ce studio de musique, il y avait des gens et pourquoi il y avait Michel Zecler, qui est donc producteur de musique. Donc, c’est vraiment, là encore, une façon de donner plus d’informations à nos auditeurs pour les éclairer sur un fait. Cette personne-là n’est pas un quidam. C’est quelqu’un qui était dans son studio, en train de travailler avec des jeunes, et qui est sorti dans la rue, et qui a été agressé par ces policiers dans le studio de musique. Donc, il est effectivement producteur de musique.  

Emmanuelle Daviet : On termine avec cette question : "Pourquoi personne ne parle des jeunes du studio, présents lors de l’agression de Michel Zecler ? Ces jeunes n’ont rien fait, se font agresser et personne n’en parle ! Je ne comprends pas. Pourquoi ce silence ?" demande cet auditeur. Que peut-on répondre à cet auditeur ?  

Matthieu Mondoloni : Nous avons parlé de ces jeunes dès le début de l’affaire. Ils étaient présents dans la vidéo dévoilée par Loopsider. Ils témoignaient de façon anonyme. Ils n’ont pas souhaité témoigner auprès de franceinfo. Donc, nous n’avons pas d'autres sons que les sons de cette vidéo.

En revanche, nous en avons parlé à travers leur avocat qui s’est manifesté, que nous avons diffusé, que nous avons interviewé. Nous en avons parlé dans les différents sujets qui ont relaté cette affaire pour expliquer précisément le déroulement des faits, et la façon dont cette agression s’est déroulée, d’abord à l’encontre de Michel Zecler, puis après. Effectivement, avec les faits qui sont reprochés aux policiers aujourd’hui contre ces jeunes, qui étaient dans ce studio de musique, qui ont été aussi contraints de sortir, et qui se disent aussi victimes de violences policières.  

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