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Pénibilité au travail : charges lourdes, postures pénibles, vibrations mécaniques

La pénibilité des métiers est au cœur de la bataille autour de la réforme de la retraite. Le gouvernement préfère parler "d'usure professionnelle" et ne veut pas, dit-il, recréer des régimes spéciaux. Les syndicats, unanimes, sont opposés à ce changement.
Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La pénibilité au travail est l'un des enjeux majeurs dans la bataille qui oppose le gouvernement aux syndicats dans le cadre de la réforme de la retraite. (HBSS / CORBIS RF STILLS / GETTY IMAGES)

Sarah Lemoine, du service économie et social de franceinfo a choisi cette semaine le mot "pénibilité".

franceinfo : Ce mot de pénibilité au travail pose un réel problème dans le cadre de cette réforme de la retraite

La pénibilité au travail : un mot que le gouvernement évite soigneusement d'utiliser. À la place, il emploie l'expression "d'usure professionnelle". "Pour éviter de laisser penser que le travail peut-être pénible", expliquait Emmanuel Macron en 2017. Le sujet est pourtant au cœur d'une bataille avec les syndicats dans le cadre de la réforme des retraites.

Le sujet de discorde porte sur le port de charges lourdes, les postures pénibles et les vibrations mécaniques ? 

Ces trois facteurs de pénibilité, très présents dans le BTP, sont à l'origine de la quasi-totalité des maladies professionnelles. En 2015, le sujet a pourtant été pris à bras-le-corps. Un compte pénibilité est créé dans le cadre de la réforme Touraine. Il permet aux salariés du privé, exposés à ces trois facteurs, mais aussi au travail de nuit, au travail en équipes alternées, au bruit, ou aux températures extrêmes par exemple, de cumuler des points pendant leur carrière. Sous réserve de dépasser des seuils et des durées d'exposition très précis.

Les points servent ensuite à se former, à travailler à temps partiel. Ou à partir deux ans plus tôt à la retraite. Mais en 2017, patatras, Emmanuel Macron remanie le compte et retire les charges lourdes, les postures pénibles et les vibrations mécaniques. Le suivi et l'attribution des points étant jugé trop complexes par les employeurs.

Les syndicats réclament leur retour dans le compte pénibilité. Mais ils n'ont pas obtenu satisfaction

Le gouvernement refuse que les salariés exposés aux charges lourdes, aux postures pénibles ou aux vibrations mécaniques bénéficient d'un départ anticipé automatique à la retraite. Pas question de récréer des régimes spéciaux, dit-il. Pour eux, ce sera donc sur avis médical. Comme aujourd'hui. Mais avec quelques améliorations. Les branches professionnelles seront obligées d'identifier les métiers exposés à ces trois facteurs ergonomiques.

Les travailleurs concernés bénéficieront d'un suivi médical renforcé à partir de 45 ans, avec le médecin du Travail. S'ils le souhaitent, ils auront accès à véritable congé de reconversion, avec maintien du salaire pendant toute la durée de la formation. C'est la grande nouveauté. 

Mais si le salarié poursuit son activité, qu'est-ce qui se passe ?  

Il devra passer une dernière visite médicale à 61 ans, obligatoire, cette fois, avec le médecin-conseil de la Sécurité sociale. C'est lui qui jugera de son état de santé. S'il peut continuer à travailler. Ou s'il peut bénéficier d'un départ anticipé pour inaptitude ou invalidité. À 62 ans, deux avant l'âge légal. Et à taux plein, même si la personne n'a pas tous ses trimestres.

Le suivi médical renforcé est censé guider plus de salariés vers ces dispositifs de départs anticipés, qui ne sont pas toujours connus. Le gouvernement va enfin assouplir les critères pour accéder à la retraite pour incapacité permanente, dès 62 ans. Pas suffisant pour les syndicats.

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