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Les maladies professionnelles : un impact sur la santé publique

La loi sur la réforme des retraites a été promulguée, mais il reste de nombreuses questions autour du travail, dont le gouvernement et les partenaires sociaux doivent discuter, notamment la meilleure prise en compte de la pénibilité, et de l'usure professionnelle en général.
Article rédigé par franceinfo - Louise Buyens
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Quatre critères de pénibilité ont été supprimés en 2017 : le port de charges lourdes, les postures pénibles, les vibrations mécaniques, et les agents chimiques dangereux. Les maladies professionnelles augmentent. (Illustration) (OLIVER ROSSI / STONE RF / GETTY IMAGES)

Mardi 18 avril, Santé Publique France a publié une étude sur les maladies à caractère professionnel. On découvre qu'elles sont en augmentation et qu'elles restent largement sous-évaluées.

franceinfo : D'abord, comment sont définies les maladies professionnelles ?

Louise Buyens : Une maladie professionnelle est reconnue comme telle, si elle est la conséquence directe de l'exposition d'un travailleur à une nuisance physique, chimique ou biologique. Il en existe deux types, celles qui répondent à des critères reconnus par la Sécurité sociale, et qui sont indemnisables, et puis, les maladies à caractère professionnel, qui sont définies comme les pathologies susceptibles de venir du travail, sans être reconnues par la Sécurité sociale. 5 à 7% des salariés sont concernés, selon l'étude de Santé Publique France.

Les maladies les plus fréquentes sont les troubles musculo-squelettiques, les TMS. Sans surprise, les secteurs les plus touchés sont la construction, l'industrie et les transports. La souffrance psychique est également concernée, dépression, stress ou anxiété, liés notamment au management, et à la charge de travail.

Ces maladies professionnelles, non reconnues, sont en augmentation ? 

Des médecins du travail ont surveillé pendant 6 ans la santé des travailleurs, entre 2012 et 2018, et ils notent une hausse des signalements. Les femmes sont davantage touchées que les hommes, mais la répartition n'est pas la même. La moitié des hommes concernés souffrent de troubles musculo-squelettiques, et un tiers rapportent des maladies psychiques, alors que 60% des femmes visées, le sont par des problèmes psychiques contre 40% pour les TMS.

Mais ces chiffres ne reflètent pas la réalité. Le rapport pointe un système de déclaration inefficace et des maladies très sous-estimées, qu'elles soient reconnues comme maladies professionnelles ou non. Par exemple, les trois-quarts des troubles musculo-squelettiques qui correspondent aux critères reconnus par la Sécurité sociale, n'ont pas fait l'objet d'une déclaration en maladie professionnelle. Une invisibilité en partie liée au manque d'information chez les salariés, et au manque de prévention. La pénurie de médecins du travail n'arrange rien. 

Concrètement, à quoi peut servir cette étude ?

En plein débat sur la réforme des retraites, et alors que gouvernement et partenaires sociaux vont devoir se mettre autour de la table pour discuter des conditions de travail, cette étude insiste sur la nécessité de mieux reconnaître et prévenir les maladies professionnelles, et de mettre à jour le tableau qui les répertorie.

Quatre critères de pénibilité ont été supprimés par Emmanuel Macron en 2017 : le port de charges lourdes, les postures pénibles, les vibrations mécaniques, et les agents chimiques dangereux. Et puis, avec des actifs qui vont devoir travailler plus longtemps, il va falloir s'adapter, dit l'étude, d'autant qu'elle montre que les signalements de maladies professionnelles sont plus importants à partir de 45 ans.

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