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Le mot de l'éco. Partage de la valeur

Le mot de l'éco cette semaine, c'est "partage de la valeur". Ou comment mieux redistribuer les profits entre salariés, employeurs et actionnaires au sein des entreprises.

Article rédigé par franceinfo, Sarah Lemoine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des éboueurs en train de collecter les ordures ménagères (photo d'illustration). (MAXPPP)

Le débat n'est pas nouveau, c'est même un vieux serpent de mer, mais il est ravivé par la crise liée au Covid-19, qui exacerbe les inégalités existantes. Le partage de la valeur ou la redistribution des profits entre salariés, employeurs et actionnaires ne concerne pas encore les métiers comme éboueurs, caissières, aides-soignantes, livreurs, sans qui le pays aurait eu du mal à tourner pendant le confinement. Fin octobre, le Premier ministre Jean Castex va lancer une concertation sur le sujet avec les syndicats et le patronat.

Une concertation fin octobre : que faut-il en attendre ?

Au ministère du Travail, on estime que cette concertation est une réponse à la polémique sur le manque de contreparties réclamées aux patrons dans le cadre du plan de relance. Concrètement, si les milliards d'euros déversés sur les entreprises permettent à terme de dégager des profits, alors les salariés doivent aussi en bénéficier. Le problème, c'est que les dispositifs qui permettent de mieux distribuer la richesse ne profitent toujours qu'à une minorité de salariés. Alors même qu'ils ont été améliorés il y a deux ans.


Il y a la participation, d'abord. Elle permet de reverser une part du bénéfice. Mais elle reste optionnelle dans les entreprises de moins de 50 salariés. Ces derniers en voient donc rarement la couleur. L'intéressement ensuite. Cela consiste à verser une prime proportionnelle aux performances ou aux résultats de l'entreprise. Mais c'est facultatif. Et les grands groupes sont quasiment seuls à y recourir.
Quant à l'actionnariat salarié, il ne concerne que 3,5 millions de personnes.

Des dispositifs qui pourraient être renforcés

Notamment dans les petites entreprises. C'est que réclament certains députés de la majorité, comme Cendra Motin qui milite pour une extension de la participation à toutes les entreprises, quelle que soit leur taille. Cendra Motin qui devait déposer une proposition de loi en juin sur le sujet. Elle attend désormais le résultat de la concertation, qu'elle espère ambitieuse. Même si le patronat traîne des pieds. La CFDT, qui a déjà dévoilé ses propositions, plaide par exemple pour limiter ou supprimer le versement de dividendes dans les entreprises qui reçoivent des aides de l'Etat. Ou pour une meilleure représentation des salariés dans les organes de gouvernance, là où se décide par exemple la politique salariale.

Cette concertation peut-elle améliorer la situation des travailleurs de la deuxième ligne ?

Non, pas directement, et c'est justement ce qui inquiète les syndicats. Ils estiment que les éboueurs, les caissières, les aides-soignantes, les livreurs, sans qui le pays n'aurait pas pu tourner pendant le confinement, ont été injustement oubliés. Dans un courrier envoyé la semaine dernière au Premier ministre, ils réclament une réunion d'urgence, consacrée à la reconnaissance de ces professions mal rémunérées. Cela doit se traduire, disent les syndicats, par une revalorisation immédiate des salaires, des conditions de travail, de l'emploi et des carrières.

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