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L’Afrique du sud "à genoux" après une semaine de violences

Depuis l’incarcération de l’ancien président, Jacob Zuma, il y a une semaine, le pays assiste à de violentes scènes de pillages et d’affrontements.

Article rédigé par franceinfo, Elise Delève
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des habitants armés rassemblés à un barrage routier pour empêcher les pillages dans le canton de Phoenix au nord de Durban (15 juillet 2021). (GUILLEM SARTORIO / AFP)

Des vitrines brisées, des entrepôts en feu, des monticules de déchets dans les rues des villes d'Afrique du sud. À Johannesburg, à Durban, les mêmes scènes de chaos
Tout a commencé la semaine dernière, quand l’ancien président Jacob Zuma, s’est livré à la police. Il est accusé d’outrage à la justice car il a refusé de témoigner dans le cadre d’une enquête sur la corruption pendant sa présidence. En moins de deux jours, sa région natale s’embrase. Ses "partisans" sont appelés à se mobiliser. Ils attaquent des camions, et commencent à piller des magasins, des pharmacies, des centres commerciaux.

La colère gagne une deuxième région, celle de Johannesburg. Si l’on pensait que ces émeutes étaient spontanées, le pouvoir identifie finalement les "instigateurs" de ces violences "organisées". Douze Sud-africains, membres du cercle des proches de Jacob Zuma. Ils profitent de cette colère pour créer le chaos et "recruter" des volontaires. Il y a tant de pauvreté et d’inégalité dans le pays, qu’il est facile d’en trouver. Contre des médicaments et de la nourriture, des dizaines d’habitants se mettent à voler et piller.

Face à ces émeutes, les habitants ont décidé de se défendre eux-mêmes. Depuis quelques jours, les riverains des quartiers saccagés organisent des patrouilles civiles. Munis de barre de fer et d’armes à feu, ils protègent leur ville et répriment avec une extrême-violence les émeutiers. Les troubles ont ravivé les tensions raciales héritées de l’apartheid. 5 000 soldats ont été déployés pour protéger les rues de Johannesburg et Durban. Le gouvernement promet un renfort de 10 000 à 25 000 militaires dans les prochains jours. Un déploiement de soldats qui commence à faire effet. Vendredi 16 juillet, la situation semble calme à Johannesburg. Les affrontements ont pour l'instant fait 117 morts et au moins 2203 personnes ont été arrêtées.

Colère sur fond de désastre économique

L’Afrique du sud, pays le plus industrialisé du continent, souffre depuis des années d’une faible croissance. Aujourd’hui le chômage est très important : 32,6%, voire 50% dans les townships. Le pays a également été durement touché par la pandémie et la stratégie vaccinale, via le programme Covax, a échoué. Les doses ne sont jamais arrivées en Afrique du sud et aujourd'hui, seule 6,5% de la population est vaccinée. Selon les experts, il faudra cinq ans avant que l’activité économique ne retrouve les couleurs d’avant la crise du Covid.

La presse sud-africaine parle d’un "pays à genoux". Le relatif calme de vendredi pourrait éviter le pire : une pénurie de pétrole et de nourriture. Les émeutes ont rompu les chaînes d’approvisionnement de certains produits comme le pétrole. La grande raffinerie de Durban, qui fournit un tiers du carburant du pays, a dû fermer temporairement. Vendredi matin la situation était maîtrisée. Dans les rues de Johannesburg, les militaires et les habitants déblayaient les déchets et les destructions, en espérant la fin de ce début d’été meurtrier.

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