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France-Émirats arabes unis : ombres et lumières d'un partenariat clé

Emmanuel Macron reçoit mercredi 15 septembre au château de Fontainebleau le prince héritier d'Abu Dhabi et dirigeant de facto des Émirats arabes unis, Mohammed ben Zayed Al Nahyane. Retour sur un partenariat privilégié... et contesté.

Article rédigé par Louise Bodet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Emmanuel Macron accueille le prince héritier d'Abu Dhabi Mohammed bin Zayedà son arrivée au château de Fontainebleau, le 15 septembre 2021. (STEFANO RELLANDINI / AFP)

À Fontainebleau, la coopération franco-émirati a son monument : le théâtre impérial, dont la construction avait été ordonnée par Napoléon III. Abou Dhabi a financé sa restauration, il est désormais également nommé "Théâtre Cheikh Khalifa ben Zayed Al-Nahyane", du nom du président des Émirats.

Aux Émirats arabes unis, c'est une base militaire qui incarne le rayonnement français : la base aérienne d'Al-Dhafra, à 30 kilomètres d'Abou Dhabi. C'est là qu'ont transité ces dernières semaines les 2 800 Français et surtout Afghans évacués de Kaboul. Inaugurée en grande pompe par Nicolas Sarkozy en 2009, cette première base militaire française dans la région est une implantation stratégique. Elle offre une capacité de projection au Moyen orient, et permet d'assurer l'accès aux hydrocarbures du Golfe.

Le pétrole et la vente d'armes, piliers de l'amitié franco-émirati

Les Émirats arabes unis sont l'un des gros clients de l'industrie d'armement française, des chars Leclerc et Mirage dans les années 90 aux satellites d'observation et radars de défense anti-aérienne vendus depuis 2010. Et le meilleur VRP en la matière s'appelle Jean-Yves le Drian. Ministre des Affaires étrangères passé par la Défense, l'ancien maire de Lorient sait toute l'importance des commandes sur les chantiers navals. La vente d'armes représente 13% de l'emploi industriel en France, soit 200 000 emplois directs et indirects. Depuis 2012, Jean-Yves Le Drian s'est rendu plus de 20 fois dans la capitale émirati.

Mais la France aux Émirats, c'est aussi un musée : ouvert fin 2017, le Louvre Abou Dhabi, joyau architectural signé Jean Nouvel, est une vitrine prestigieuse. Un milliard d'euros ont été investis, avec des millions de visiteurs à la clé. L'université Paris-Sorbonne Abu Dhabi a quant à elle vu passer sous son dôme près de 2 000 étudiants depuis sa création en 2006.

Ces lieux sont emblématiques du rayonnement français dans une pétromonarchie qui s'est rendu compte dans les années 90, après l'invasion de l'Irak au Koweit, qu'elle ne pouvait pas compter sur la seule Arabie saoudite pour assurer sa sécurité. Les Émirats ont donc diversifié leurs partenariats, notamment avec la France.

Rempart contre le terrorisme ?

Les deux États ont pour objectif commun de préserver la liberté de navigation dans le golfe persique, face à la menace iranienne dans le détroit d'Ormuz, lieu stratégique pour l'acheminement du pétrole. Ils se retrouvent aussi sur leur volonté de limiter l'influence turque en Méditerranée orientale, notamment sur le théâtre libyen.

Surtout, les Émirats collaborent avec les services français dans la lutte contre le terrorisme. Ils combattent l'Islam politique porté par les Frères musulmans, qu'ils voient comme une menace pour leur stabilité, et ont su s'attirer les bonnes grâces de l'Occident en offrant l'image d'un rempart contre le terrorisme, prônant un Islam compatible avec le consumérisme moderne.

Libertés civiles inexistantes, exactions au Yémen

L'incarnation de cela, c'est Dubai, haut-lieu de la fête, paradis touristique... mais aussi paradis fiscal. Deux condamnations pour blanchiment viennent d'être prononcées à Paris, les premières en France dans le cadre des "Dubaï Papers", révélations sur un vaste système de blanchiment offshore aux Emirats.

Le régime est par ailleurs tenu d'une main de fer : Abu Dhabi est une pétro-monarchie absolutiste où les libertés civiles n'existent pas. Elle est impliquée dans la guerre au Yémen contre les rebelles houtistes pro-iraniens : six ans de lutte contre les rebelles houtistes pro-iraniens, plus de 233 000 morts. La "pire catastrophe humanitaire au monde" selon l'ONU. Les Émirats y détiennent même une prison longtemps tenue secrète, où des actes de torture sont dénoncés. Cette prison est installée au sein d'une usine d'exportation de gaz dont Total est le principal actionnaire. C'est dire la part d'ombre qui accompagne le partenariat franco-émirati célébré au château de Fontainebleau.

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