États-Unis : la fondation Andy Warhol sanctionnée par la justice américaine pour un portrait de Prince
L'affaire débute en 1984, aux États-Unis, à la suite d'une demande de Vanity Fair, qui souhaite faire un portrait de Prince, alors artiste montant. Le magazine commande à Andy Warhol un portrait tout en couleurs, dans le style de ce qu’il a déjà fait, par exemple, avec Marylin Monroe. Pour 400 dollars, Vanity Fair obtient le droit d’utiliser un cliché en noir et blanc, réalisé trois ans plus tôt par la photographe Lynn Goldsmith. Une photo utilisable une fois uniquement.
Andy Warhol en tire un portrait où Prince a la peau violette, sur un fond orange. L’artiste décline ensuite la photo sous tous les tons, jusqu'à produire une série de 16 portraits. Lynn Goldsmith ne les découvrira qu’en 2016, publiées dans Vanity Fair à la mort de Prince. S'engage alors une bataille judiciaire de sept ans. La photographe réclame des droits d'auteur sur cette nouvelle publication, mais la fondation Andy Warhol, qui a touché 10 000 euros, refuse de lui verser quoi que ce soit et saisit la justice pour faire reconnaître ses droits exclusifs sur la série.
Une décision judicaire très attendue dans le monde de l'art
En refusant les droits exclusifs à la fondation Andy Warhol, la Cour suprême américaine clarifie le droit de la propriété des œuvres dites "transformatives". C'est-à-dire les œuvres qui s'appuient sur une première pour aboutir à une autre. Par sept voix sur neuf, les juges de la Cour suprême ont estimé que Lynn Gold-Smith aurait dû être rémunérée. Le portrait inspiré de son travail a en effet a eu un usage commercial, puisqu’il a été utilisé en couverture d’un magazine. De plus, Andy Warhol n’a pas fait d’ajouts ou de modifications suffisants pour ne rien lui devoir.
Ce jugement est une première dans le monde de l'art, et pourrait bien ouvrir une boîte de Pandore. Le verdict a également de quoi rassurer les associations de photographes, qui ont de plus en plus de mal à vivre de leurs images.
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