En Turquie, le président Erdogan en guerre contre les taux d’intérêt
Il a juré qu’ils ne remonteraient pas tant qu’il serait au pouvoir. Les taux d'intérêt baissent donc chaque mois, selon le désir du président Erdogan. Ils étaient encore, jeudi 24 novembre, à 9%. Un taux à un chiffre, cela devrait apaiser le président qui n’exigera peut-être pas plus. Il a tout de même limogé trois gouverneurs de la banque centrale en moins de trois ans pour y parvenir.
Parallèlement, l’inflation grimpe. Comme le prédisaient les économistes, que le président voue aux gémonies. Plus il baisse les taux, plus les prix s’affolent en Turquie. Cela fait près de deux ans qu’ils montent sans répit. Une inflation officielle de plus de 85% sur un an. Plus 99% sur pour l’alimentation, et même 220% pour la viande, produit de luxe désormais, + 85% pour le logement, 117% pour les transports, selon les chiffres officiels. Les économistes indépendants situent plutôt l'inflation à quelque 190%, ce qui d’ailleurs correspond au ressenti de la population. Et la monnaie, la livre turque, dévisse
Erdogan mise sur la croissance et les exportations
Ces deux indicateurs continuent pour l’instant à ne pas trop mal se porter. Pour éviter un effondrement de la société, il a augmenté par deux fois déjà cette année le salaire minimum, 50% en janvier, 30% de plus en juillet, une nouvelle hausse est dans les tuyaux en janvier prochain. Il tente donc de soutenir les classes populaires en piochant dans les coffres de la banque centrale d’une main et s’emploie de l’autre à les remplir de devises.
L’Arabie saoudite serait prête à injecter cinq milliards de dollars dans les réserves de la banque centrale. La société turque est étonnamment résiliente mais même les soutiens du président se posent des questions. L’économie turque apparaît en fait comme sur un fil de plus en plus fragile. Menacée aussi par l’endettement privé, qui atteint des sommets. Mais le président le répète comme un mantra : tout ira mieux à partir de l’année prochaine.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.