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En Turquie, le président Erdogan en guerre contre les taux d’intérêt

Recep Tayyip Erdogan qualifie les taux d'intérêt d'ennemis de la croissance, et même d'ennemis personnels. L'inflation atteint 85% en moyenne.
Article rédigé par franceinfo - Marie-Pierre Vérot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le président turc Recep Tayyip Erdogan à Astana (Kazakhstan) le 13 octobre 2022 (VYACHESLAV PROKOFYEV / KREMLIN  / SPUTNIK POOL / SPUTNIK POOL)

Il a juré qu’ils ne remonteraient pas tant qu’il serait au pouvoir. Les taux d'intérêt baissent donc chaque mois, selon le désir du président Erdogan. Ils étaient encore, jeudi 24 novembre, à 9%. Un taux à un chiffre, cela devrait apaiser le président qui n’exigera peut-être pas plus. Il a tout de même limogé trois gouverneurs de la banque centrale en moins de trois ans pour y parvenir.

Parallèlement, l’inflation grimpe. Comme le prédisaient les économistes, que le président voue aux gémonies. Plus il baisse les taux, plus les prix s’affolent en Turquie. Cela fait près de deux ans qu’ils montent sans répit. Une inflation officielle de plus de 85% sur un an. Plus 99% sur pour l’alimentation, et même 220% pour la viande, produit de luxe désormais, + 85% pour le logement, 117% pour les transports, selon les chiffres officiels. Les économistes indépendants situent plutôt l'inflation à quelque 190%, ce qui d’ailleurs correspond au ressenti de la population. Et la monnaie, la livre turque, dévisse

Erdogan mise sur la croissance et les exportations

Ces deux indicateurs continuent pour l’instant à ne pas trop mal se porter. Pour éviter un effondrement de la société, il a augmenté par deux fois déjà cette année le salaire minimum, 50% en janvier, 30% de plus en juillet, une nouvelle hausse est dans les tuyaux en janvier prochain. Il tente donc de soutenir les classes populaires en piochant dans les coffres de la banque centrale d’une main et s’emploie de l’autre à les remplir de devises.

L’Arabie saoudite serait prête à injecter cinq milliards de dollars dans les réserves de la banque centrale. La société turque est étonnamment résiliente mais même les soutiens du président se posent des questions. L’économie turque apparaît en fait comme sur un fil de plus en plus fragile. Menacée aussi par l’endettement privé, qui atteint des sommets. Mais le président le répète comme un mantra : tout ira mieux à partir de l’année prochaine.

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