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Donald Trump, un ancien président victime de phobie administrative ?

Mais comment Donald Trump a-t-il géré les documents officiels quand il était à la Maison Blanche ? Les révélations s'accumulent cette semaine autour de l'ancien président américain.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 92 min
Donald Trump, le 2 janvier 2019, à Washington. (NICHOLAS KAMM / AFP)

La commission de surveillance de la Chambre des représentants a annoncé jeudi 10 février l'ouverture d'une enquête pour de "potentielles violations graves" de la loi sur les archives présidentielles. Sa présidente, la démocrate Carolyn Maloney, s'est dite "extrêmement préoccupée" par les pratiques de l'ancien magnat de l'immobilier.

On connaît déjà l'épisode des 15 cartons que Donald Trump avait emmené avec lui en souvenir dans sa villa en Floride, alors qu'il aurait du les laisser aux Archives nationales au moment de son départ. Ces documents, dont certains sont estampillés secret défense ont fini par être saisis en janvier, au terme d'un bras de fer de plusieurs mois avec l'ancien chef de l'Etat.

On sait aussi avec quelle désinvolture le 45e président américain traitait parfois les documents officiels qu'il déchirait, froissait ou jetait en boule... ses assistants devaient parfois les rafistoler avec du scotch pour les sauver !

Des papiers jetés dans les toilettes

La dernière révélation ne va pas l'aider à redorer son blason : dans un livre à paraître en octobre et dont des extraits ont été révélés par Axios, une journaliste du New York TimesMaggie Haberman, assure que Donald Trump est fortement soupçonné d'avoir régulièrement jeté des liasses de papiers dans les toilettes... et qu'il tirait la chasse pour s'en débarrasser. Sauf que cela ne marchait pas toujours. Le personnel de la Maison Blanche était appelé au secours pour déboucher la cuvette. Cela arrivait même quand le président était en déplacement à l'étranger.

Donald Trump, déjà inquiété dans la gestion de ses impôts et la façon dont il aurait tenté de se maintenir au pouvoir après sa défaite en novembre 2020, cherche à minimiser, mais s'est quand même senti obligé jeudi de publier un communiqué dans lequel il assure que ses échanges avec les Archives nationales ont toujours été "respectueux" et "collaboratifs". Il assure aussi n'avoir jamais rien jeté d'officiel dans les toilettes. Il a même promis d'exposer plusieurs documents dans sa future bibliothèque présidentielle.

Des trous dans la liste des relevés téléphoniques

Sauf que l'ancien président n'avait pas seulement un problème avec les papiers : il en avait aussi avec son téléphone. C'est ce qu'a découvert la commission d'enquête qui travaille sur l'attaque du capitole, le 6 janvier 2021. Pour reconstituer son emploi du temps, établir ce que Donald Trump faisait et disait à huis clos pendant ces heures critiques où ses partisans envahissaient le bâtiment, elle a voulu éplucher ses appels téléphoniques.

Et là surprise : il y a des trous dans les relevés officiels, un grand nombre de coups de fil sont absents de la liste. Des échanges que le président pourtant a bien eu avec des parlementaires républicains, comme le chef de la minorité de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy ou comme le sénateur Tommy Tuberville. Eux-même en ont parlé publiquement, ces conversations ont eu lieu, il n'y a aucun doute. Sauf qu'on n'en trouve aucune trace dans les documents de la Maison Blanche.

Soit Donald Trump a utilisé ses téléphones personnels ou ceux de ses assistants (ce qu'il faisait assez souvent malgré les mises en garde de ses services de sécurité), soit les relevés des enregistrements ont été modifiés avec volonté de dissimulation. Pour l'instant aucune piste n'est plus privilégiée qu'une autre.

"Hypocrisie", disent les démocrates

Les démocrates, eux, n'hésitent pas à parler "d'hypocrisie". Ils se souviennent que lorsqu'Hillary Clinton avait utilisé un serveur de messagerie privé alors qu'elle était secrétaire d'État, Trump avait qualifié cette pratique de "pire que le Watergate".

Il s'en était largement servi pour la discréditer lors de sa campagne pour l'élection présidentielle. Les républicains, cette fois, restent remarquablement silencieux. D'autres se souviennent aussi que sous son mandat, en 2017, le gouvernement s'était secrètement procuré les relevés téléphoniques de journalistes du Washington Post qui écrivaient sur les accusations d'ingérence russe dans l'élection l'année précédente... Ces dernières révélations illustrent en tout cas tout le mépris que l'ancien président éprouvait vis-à-vis des règles et les normes imposées par son statut. A tel point qu'il est un vrai défi aujourd'hui de constituer un dossier historique fiable et complet sur sa présidence.

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