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Assaut du Capitole à Washington aux États-Unis : un témoin fait obstacle à Donald Trump

Aux États-Unis, nouveau coup de théâtre devant la commission parlementaire qui enquête sur l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021. Un témoin assure que Donald Trump a lui-même voulu conduire la voiture présidentielle pour rejoindre ses partisans.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 92 min
Cassidy Hutchinson assure que Donald Trump voulait conduire la voiture présidentielle pour rejoindre ses partisans, à Washington (Etats-Unis). (POOL / GETTY IMAGES NORTH AMERICA via AFP)

Celle qui témoigne est une ancienne collaboratrice de la Maison Blanche, Cassidy Hutchinson – qui a depuis pris ses distances avec la nébuleuse Trump. Ce qu’elle a raconté mardi 28 juin concernant l'assaut du Capitole à Washington, devant les parlementaires de la commission, sous serment, est proprement hallucinant.
Le 6 janvier 2021, à Washington Donald Trump sort faire en extérieur un discours incendiaire. Il conteste avec virulence le résultat de l’élection et incite ses partisans à marcher sur le siège du Congrès. Ça on le savait. Mais après sa prise de parole, il remonte dans la limousine présidentielle. Et demande qu’on le conduise au Capitole.

Refus de l’officier qui l’accompagne, les conditions de sécurité ne sont pas réunies. "Je suis le putain de président, amenez-moi au Capitole tout de suite !". Toujours selon Cassie Hutchinson Donald Trump se lève vers l’avant du véhicule et attrape le volant. "Monsieur enlevez votre main, nous rentrons à la Maison-Blanche", répète l’agent du Secret service.

Fou de colère, le chef de l’État tente alors de l’attraper par le cou. L’altercation dure quelques secondes, Donald Trump se rassoit, il n’ira jamais rejoindre les émeutiers qui se préparent à envahir le Congrès. Scénario incroyable. Même l’ultra-conservatrice Fox News en faisait sa une mardi soir.
Le témoignage de Cassie Hutchinson n’est pas un témoignage de première main : c’est le chef de l’escorte de sécurité présidentielle qui lui a rapporté l’incident ; avec l’agent impliqué il sera prochainement convoqué devant la commission pour confirmer les faits.

Mais ce qui est tout aussi important dans ses déclarations, et cette fois-ci elle est un témoin direct, c’est que Donald Trump sait très vite que certains émeutiers sont lourdement armés. Sa réaction dans le bureau de la Maison-Blanche : "J’en ai rien à foutre !" Il demande même avec insistance aux Services secrets de faire retirer les portiques de détection à l’entrée du Capitole parce que la foule, dit-il, n’est pas là pour me faire du mal. Pendant trois longues heures ensuite le président et son chef de cabinet observeront avec une certaine complaisance la foule marcher vers bâtiment fédéral. Sans aucune réaction.

Des suites judiciaires ?

Ces révélations représentent un tournant dans les auditions de la commission. En tout cas elles confortent le fait que l’ancien chef de l’État et son entourage sont au cœur d’une tentative de coup d’État, qu’ils sont les co-conspirateurs en quelque sorte de cette journée où la démocratie américaine a vacillé. De là à ce que ça débouche sur des poursuites judiciaires, ça c’est loin d’être acquis. Beaucoup d'opposants à Trump le réclament, comme Sarah Kendzior, docteure en sciences politiques, qui dénonce "un syndicat du crime organisé" caché derrière "le masque du gouvernement". "Trump est un symptôme, la maladie c'est l'impunité des élites criminelles". Il faut que tout le monde rende des comptes et que soient jugés comme responsables "Les fonctionnaires qui détournent le regard. Les institutions pourries qui ont abandonné le peuple américain il y a longtemps et qui continuent de le faire aujourd'hui".

Tout dépend du ministère (démocrate) de la justice. Aura-t-il le cran de lancer des poursuites ? Le milliardaire républicain, qui n’a pas complètement écarté l’idée de se représenter en 2024, qualifie les travaux de la commission de "parodie de justice" et de "chasse aux sorcières."
D’autres audiences, d’autres témoignages sont prévus cet été. La commission devra ensuite impérativement boucler ses travaux avant les législatives de mi-mandat en novembre. Si les républicains l’emportent, ils ont déjà promis d’enterrer le dossier.

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