Le monde de Marie. Au Nicaragua, la colère des étudiants ne fait que s'amplifier
Tous les jours, Marie Colmant revient sur un sujet passé (presque) inaperçu. Lundi, les révoltes étudiantes au Nicaragua ne font que s'amplifier.
Les universités sont occupées au Nicaragua. Des centaines d’étudiants qui exigent le départ du président Daniel Ortega et le mouvement prend désormais une ampleur nationale. Ce mouvement a un nom, il s’appelle "Les Etudiants du 19 avril" en référence au début de ce mouvement né après l’annonce faite par le président Ortega de modifier le système de sécurité sociale dans le pays. Un président autoritaire qui dirige son pays d’une main de fer depuis 12 ans et qui dès les premières manifestations envoie la police qui tire à balles réelles, faisant plusieurs dizaines de morts, dont un journaliste qui faisait un direct. C’est à partir de cette date que le mouvement s’est radicalisé. Les étudiants, retranchés dans les facs, se sont défendus à coups de cocktail Molotov blessant au passage plusieurs policiers, mais ils ont aussi gagné le soutien de la population, très vite rejointe par l’Eglise catholique du Nicaragua et d’un important syndicat. La colère monte dans le pays au point de faire plier le président qui retire sa loi, il y a une semaine.
Trop, c'est trop
Mais c’est trop tard, les étudiants sont furibards, ils ne supportent plus la dictature d’Ortega et de sa vice-présidente, sa propre femme Rosario Murillo. Une femme de dictateur, une vraie, qui pour célébrer la beauté du socialisme à la nicaraguayenne, avait fait ériger dans toutes les villes du pays, des forets d’arbre en métal de 17 mètres de haut, les Arbres de la Vie, créés par un sculpteur suédois. Ces arbres sont aujourd’hui la cible des manifestants, plus de 60 d’entre eux ont déjà été abattus dans des hurlements de joie. Un défouloir collectif contre ce président qui fut une icône de l’extrême gauche à la fin des années 70 quand il dirigeait le mouvement sandiniste, célébré pour avoir renversé un dictateur, dans une chanson des Clash, fameux groupe punk, avant de devenir à son tour une caricature de dictateur corrompu, aujourd’hui rejeté par ses anciens camarades de combat. Un président qui a évidemment tenté de discréditer le mouvement en traitant les étudiants d’enfants gâtés, contrariés parce qu’ils n’ont pas la wifi. Récemment, il déclarait que ces blocages n’étaient pas le fait d’étudiants, mais d’agitateurs professionnels, qui n’étaient même pas inscrits en fac. Le bras de fer ne fait que commencer.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.